Depuis quelques semaines, Internet s’affole autour du « dad bod ». Ou comment avoir une légère bedaine serait devenu un critère de beauté chez les hommes.
Un peu de bide, mais pas trop. Le « dad bod » – ou « le corps de papa » – serait devenu un idéal, prisé de la gent féminine. En tout cas, c’est ce qu’affirme MacKenzie Pearson, une étudiante américaine qui a théorisé l’attraction pour le bourrelet masculin sur son blog. Publié le 30 mars 2015, le billet de la jeune femme a été largement repris par les médias outre-Atlantique et commence à débarquer en France. Pour elle, le « dad bod » serait un savant mélange entre « la bedaine de la bière et un corps entretenu ».
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Le « dad bod » peut dire « Je fais du sport de temps en temps, mais j’adore aussi voire énormément le weekend et me goinfrer de pizzas. » Ce n’est pas un type qui est en surpoids, mais il n’a pas de tablettes de chocolat non plus. »
Rien de bien compliqué à comprendre dans ce principe. La jeune femme fait l’apologie d’un homme comme il en existe beaucoup dans la société occidentale. Un homme qui ressemble davantage à Seth Rogen ou Vince Vaughn qu’à Ryan Gosling. Mais le fait est que le « dad bod » est rapidement devenu un phénomène. Un journaliste du Washington Post a même écrit un article expliquant pourquoi les femmes aimeraient autant les « dad bod ». Selon lui, sa bedaine de la trentaine lui aurait valu plus de succès auprès du sexe féminin que les tablettes qu’il a perdues avec le temps.
« Beaucoup de femmes recherchent des hommes qui ont une belle carrière et qui aiment les enfants. Les abdos et les gros biceps sont trop occupés à la salle de muscu pour avoir leur propre entreprise et garder la maison propre, » caricature-t-il. « En gros, ce n’est pas l’apparence du « dad bod » qui est attirant mais plutôt ce qu’il représente. »
Embrassé par certains donc, mais qui selon d’autre contribuerait à renforcer « les inégalités entre les hommes et les femmes en terme d’image qu’ils renvoient », écrit Brian Moylan, dans le Time. « Alors les femmes doivent aller à la gym et faire attention à chacune de leurs calories, les hommes pourraient se laisser aller, manger toutes les chips et le guacamole qu’il veulent, et quand même attendre de leur partenaires féminins d’avoir un corps parfaits. »
La réplique des « mom bod »
« Rassurant pour nous » ou « Les femmes aiment être la plus belle du couple« , il est vrai que la liste d’arguments en faveur du « dad bod » de Mackenzie Pearson tend vers cette forme de sexisme. Contactée par Les Inrocks, la jeune femme se défend de véhiculer ce type de clichés. « Le but est avant tout d’écirre quelque chose de léger et drôle. Selon moi le « dad bod » n’a rien de sexiste. Je comprends que cela puisse susciter des réactions, mais c’est avant tout un article écrit par une étudiante de 19 ans qui trouve simplement attirant ce type de mec » explique la jeune femme encore surprise de la viralité de la chose.
« J’écris pour me faire plaisir avant tout. Quand on m’a contacté pour me dire que c’était repris par les médias, j’étais la première à être surprise. En réalité, je ne pensais pas vraiment que les gens le liraient. »
Mais puisqu’un buzz en engendre un autre, l’alternative féminine au « dad bod » n’a pas tarder à faire son apparition sur la toile. En réaction, de nombreuses femmes ont posté sur les réseaux sociaux des photos de leur ventre, parfois après leur grossesses, revendiquant le droit de ne pas avoir à rentrer dans les critères édictées par les magazines de beauté. La même Mackenzie Pearson a d’ailleurs posté un nouveau billet sur son blog, célébrant à son tour les « mom bod ».
Interviewé par Libération, le sociologue Thibault de Saint Pol voit dans ces phénomènes une illustration de « la différence de traitement, en France et dans les pays occidentaux, entre hommes et femmes » :
« Dans nos sociétés, on valorise la minceur et la beauté chez la femme, tandis que chez l’homme, c’est plutôt la force. Un surpoids modéré chez les hommes est associé à de la virilité. La pression sur le corps est beaucoup plus forte chez les femmes. Et tandis qu’elles sont de plus en plus présentes en politique ou sur le marché du travail, certains envisagent ce corset moral qu’est l’injonction de minceur comme un dernier rempart de domination »
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