Le fondateur de la marque Kenzo est décédé des suites du Covid-19 dimanche 4 octobre. Il avait 81 ans.
C’est seulement quatre jours après le défilé de la marque Kenzo, en pleine fashion week, que Kenzo Takada a tiré sa révérence. Dimanche 4 octobre, le styliste de 81 ans est mort à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) des suites du Covid-19, laissant derrière lui un héritage essentiel à la mode française.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop","device":"desktop"}
Né en 1939 près d’Osaka (Japon), il arrive à Paris en 1965, après un périple d’un mois en demi sur un bateau allant à Marseille. Le succès n’est pas immédiat : il passe ses cinq premières années à vendre des croquis à bas pris à diverses maisons, mais ne perd néanmoins pas courage. En 1970, il ouvre sa première boutique. Des couleurs explosives, des imprimés fleuris, des références folkloriques japonaises et occidentales, un vestiaire moderne détourné : le ton est dès lors donné.
Il charme autant la presse de mode que les divas de l’époque, et compte rapidement Grace Jones et Jerry Hall parmi ses clientes. Tout·es saluent sa joie de vivre, qui émane autant de ses vêtements que de sa personnalité, se plaisant à cultiver un goût du spectacle et du spectaculaire. En 1978 et 1979, il clôture ses défilés tenus au Cirque d’hiver, à Paris, d’un salut à dos d’éléphant. En juin 1994, il recouvre l’intégralité du Pont Neuf de 30 000 pots de bégonias entrelacés de lierre, en guise de célébration de l’arrivée de l’été. Figure de la nuit parisienne, il arrive souvent déguisé au Palace, notamment en Minnie Mouse, mêlant humour et paillettes. Avec son compagnon Xavier de Castella, que Karl Lagerfeld lui présente lors de l’anniversaire de Paloma Picasso, ils organisent des soirées et des after shows des plus décadents, lesquels sont prisés par le tout-Paris.
>> A lire aussi : S.Pri Noir, rappeur et égérie Kenzo : “Le rappeur est coquet”
Aujourd’hui, la marque continue à faire parler d’elle
Work hard, play hard : le styliste est aussi fêtard qu’ambitieux. Sa fibre d’homme d’affaires le mène à développer une ligne masculine en 1983, une seconde ligne “Album by Kenzo”, une autre pour enfants, et des parfums aux noms évocateurs comme “Le monde est beau” ou “Flower”.
Son enthousiasme s’essouffle lorsqu’en 1990, Xavier de Castella meurt du sida. Trois ans plus tard, il vend l’intégralité de son enseigne au groupe LVMH, et, en 1999, annonce qu’il quitte la mode pour se concentrer sur des projets ponctuels.
Aujourd’hui, la marque continue de faire parler d’elle et de se réinventer entre les mains des directeurs artistiques qui s’y succèdent : les club kids Carol Lim et Humberto Leon (2011-2019) en font une explosion pop et post-Internet. Début 2019, l’arrivée à la tête de la création de Felipe Oliveira Baptista, ancien directeur artistique de Lacoste, marque un tournant plus minimal que ce dernier qualifie de “post-streetwear”.
Les imprimés, le métissage culturel, et une idée d’échappatoire demeurent fidèles au poste, et Takada se dit satisfait de sa descendance stylistique. “Créateur avec un talent immense, il avait donné à la couleur et à la lumière toute leur place dans la mode. Paris pleure aujourd’hui un de ses fils”, a tweeté Anne Hidalgo, célébrant l’histoire multiculturelle – et trop rarement célébrée – de la mode parisienne.
Immense tristesse d’appendre la disparition de Kenzo. Quel créateur ! Il avait donné à la couleur et à la lumière toute leur place dans la mode. Paris pleure aujourd’hui un de ses fils. Pensées à sa famille, ses proches et toutes celles et ceux qui l’ont aimé. https://t.co/Im2WtVoTZE
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) October 4, 2020
>> A lire aussi : Portfolio mode : Influenceurs
{"type":"Banniere-Basse","device":"desktop"}