La justice californienne vient de condamner pour la première fois un propriétaire de site de « porno vengeur », qui permettait à des hommes qui souhaitaient causer du tort à leur ex-petite amie de publier des photos d’elles nues, accompagnées de leurs nom et coordonnées.
Il avait plaidé non-coupable pour 27 chefs d’accusations, parmi lesquels « entente illicite », « vol d’identité » et « extorsion de fonds ». Kevin Bollaert, un Américain de 28 ans résidant à San Diego, a pourtant été condamné par la justice californienne ce mardi 3 février pour avoir capitalisé sur le « porno vengeur « , une mode malsaine qui avait enflammé le web en 2013.
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Le procureur avait insisté sur la « dangerosité » de Kevin Bollaert, qui utiliserait internet comme un « outil de destruction« . Selon lui, ses victimes auraient été « vulnérables » si le jeune homme sortait de prison, et retournait librement sur internet. Si la sentence n’a pas encore été décidée, Kevin Bollaert reste pour l’instant en détention, et sa caution a été portée à 450 000 dollars. Il risque jusqu’à 20 ans de prison, d’après la chaîne NBC San Diego.
La raison de cette ferme condamnation tient en un nom de domaine : UGotPosted.com, du nom du site internet qu’a créé Kevin Bollaert fin 2012. Il l’utilisait pour poster des photographies de milliers de jeunes filles dénudées, envoyées par des petits-amis qui cherchaient à se venger de leur ex.
Un fonctionnement aussi pervers qu’étudié
Le fonctionnement de ce business, qui a duré plus d’un an (entre septembre 2012 et décembre 2013) était aussi pervers qu’étudié. Sur le site UGotPosted (« tu t’es fait poster »), les ex malveillants devaient poster des photos de leurs anciennes petites amies ainsi que leur nom, leurs coordonnées et leurs pages Facebook.
C’est grâce à ce détail que Kevin Bollaert s’est également enrichi (de 10 000 $ d’après la justice américaine). Il avait créé, en parallèle de UGotPosted, un autre site internet appelé ChangeMyReputation (« changez ma réputation« ) sur lequel les victimes devaient payer jusqu’à 350$, pour faire retirer leurs photos et informations personnelles du premier site. Un système que l’avocate de Bollaert, avait tenté de défendre en justifiant qu’il était « immoral mais pas illégal ».
La procureur de Californie Kamala Harris le voyait d’un autre oeil :
« Le site publiait des photos intimes de victimes innocentes et transformait leur humiliation publique et leur trahison en marchandise. Les prédateurs du web qui pratiquent l’extorsion à partir de photos privées feront l’objet d’enquêtes et seront poursuivis pour cette activité illégale et répréhensible »
La nouvelle loi « anti revenge porn »
Jusqu’à son interpellation, l’Américain se cachait derrière la section 230 de la Communications Decency Act (une loi visant à réguler le contenu pornographique sur internet) – qui précise que, contrairement à celui qui l’a mise en ligne, l’hébergeur n’est jamais responsable de la photo ou de la vidéo postée.
Mais depuis octobre 2013, la Californie a fait passer une loi « anti revenge porn ». Elle a notamment permis de condamner un premier homme en décembre 2014, qui avait posté une photo de sa petite amie nue sur la page Facebook de son employeur. Il a pris un an de prison et 36 mois de liberté conditionnelle.
La condamnation de Kevin Bollaert est toutefois la première qui met en cause le propriétaire d’un site internet dédié au « revenge porn ». Hunter Moore, un autre Américain soupçonné d’avoir créé un site similaire, pourrait également bientôt tomber sous le coup de cette loi.
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