La date était judicieusement choisie, veille du 10 mai “Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions” et alors que François Hollande était en Guadeloupe pour inaugurer un ambitieux centre de mémoire de l’esclavage, le Mémorial ACTe. Le samedi 9 mai, le Cran (Conseil représentatif des associations noires de France) a […]
La date était judicieusement choisie, veille du 10 mai “Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions” et alors que François Hollande était en Guadeloupe pour inaugurer un ambitieux centre de mémoire de l’esclavage, le Mémorial ACTe. Le samedi 9 mai, le Cran (Conseil représentatif des associations noires de France) a annoncé avoir assigné en justice Ernest-Antoine Seillière, grand patron français et ancien dirigeant du Medef de 1997 à 2005, “pour crime contre l’humanité et recel de crime contre l’humanité”.
La fortune d’Antoine-Ernest Seillière de Laborde serait “en bonne partie issue de la traite négrière” selon le Cran. En particulier grâce au fonds Wendel, fondé en 1704 en Lorraine par la famille du baron Seillière, aujourd’hui puissante société d’investissement. La famille Seillière de Laborde était propriétaire au XVIIIe siècle “de trois plantations dans l’ancienne colonie française Saint Domingue, [devenue Haïti] et de vaisseaux négriers ayant déporté des esclaves, hommes, femmes et enfants, d’Afrique vers les Antilles”, toujours selon le Cran.
Rappelons que depuis la loi Taubira (2001) la traite atlantique est reconnue comme crime contre l’humanité, ce qui rend donc impossible la prescription. Le Cran s’est engagé dans une campagne de longue haleine qui vise à évaluer les dommages et à obtenir des réparations. Ainsi après avoir “tenté en vain d’établir un dialogue avec le baron Seillière qui n’a pas abouti, le Cran a donc choisi la voie judiciaire », selon son président Louis-Georges Tin.
Le Cran imagine comme réparations des institutions tels des musées ou des centres de mémoire ou des initiatives comme on en voit aux Etats-Unis où ont été “mis en place des programmes de réparations, notamment des bourses d’étude pour les jeunes des ghettos de Chicago.”