Le retour des Yes Men, les activistes qui ridiculisent les pratiques des multinationales à coups de canulars. Ce documentaire hilarant réalisé par les “béni-oui-oui”relate leurs récents faits d’armes.
Voici la suite de The Yes Men – de Chris Smith, Dan Ollman, et Sarah Price (2004) –, premier documentaire consacré aux actions d’Andy Bichlbaum et Mike Bonanno, militants antilibéralisme qui se sont spécialisés dans le canular à grande échelle pour piéger les puissants de ce monde et les mettre face à leurs responsabilités de pollueurs et d’exploiteurs.
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Cette fois, les deux Yes Men signent euxmêmes le film, qui relate la suite de leurs tours pendables, dont un des principaux a été d’annoncer à la BBC, devant des millions de téléspectateurs, au nom de la firme Dow Chemicals, que 12 milliards de dollars allaient être versés en compensation aux victimes indiennes de la catastrophe de Bhopal de 1984, due à la firme américaine Union Carbide (acquise par Dow Chemicals). Un bluff total qui fit plonger temporairement les cours de l’action de Dow, mais refit surtout parler de ce désastre industriel dont les conséquences (pollution et maladies) perdurent encore.
Cela n’est qu’une des facettes de ces Gilbert & George de l’activisme, souvent à la limite de l’art conceptuel, qui accompagnent leur discours à la fois provocateur et bien-pensant d’inventions sophistiquées, souvent peu plausibles, mais que beaucoup prennent pour argent comptant. Ils ont par exemple annoncé, en se faisant passer pour des représentants d’Exxon, la création du “vivoleum”, un carburant à base de cadavres, ou ont présenté la “survival ball”, habitacle individuel permettant aux nantis de survivre en cas de catastrophe.
On applaudit l’audace de ces robins des bois de la communication, leur cynisme délirant, on rit de la crédulité de leurs auditoires, souvent composés de requins sans foi ni loi, mais on s’interroge sur l’impact de ce militantisme comique (genre qui fait florès aux Etats-Unis). Si Bichlbaum et Bonanno rappellent avec pertinence le rôle de Milton Friedman, grand théoricien libéral, dans la crise actuelle, ils ne révèlent pas grand chose sur eux-mêmes, sur leurs motivations profondes. Pour qui roulent-ils et surtout qui les fait rouler ? Andy Bichlbaum s’appellerait en fait Jacques Servin et enseignerait le design à New York. Mike Bonanno, alias Igor Vamos, serait professeur de vidéo et d’art des médias à Troy, près d’Albany.
D’autre part, ils auraient cofondé un groupe nommé RTMark, dont les Yes Men seraient une émanation. Mais il n’en est pas question dans ce documentaire plus factuel que théorique. Si on ne peut qu’être bluffé par leurs impostures, on aimerait savoir comment elles ont été réalisées. Quid par exemple de la fabrication et de la distribution gratuite, après l’élection présidentielle, de 100 000 exemplaires d’un faux New York Times annonçant la fin de la guerre en Irak ? Espérons que dans un prochain film on en saura un peu plus sur la nébuleuse YesMen/RTMark…
Les Yes Men refont le monde Documentaire d’Andy Bichlbaum et Mike Bonanno.Mardi 15 > 20 h 45 > Arte
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