Un compte Twitter anonyme a diffusé les informations personnelles de trois opératrices du Samu, les présentant, à tort, comme celles qui s’étaient moquées de Naomi Musenga. Leur vie a basculé depuis.
Jeudi 10 mai, un compte Twitter anonyme a publié les coordonnées (noms, adresses, numéros de téléphone et photos) de trois opératrices du Samu en les présentant comme celles qui s’étaient moquées de Naomi Musenga, jeune femme de 22 ans décédée quelques heures après son appel le 29 décembre 2017.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Après vérification de l’identité des trois opératrices, celles-ci sont bien membres du personnel du Samu mais aucune d’entre elles n’est impliquée dans l’affaire Musenga. Cela n’a pas empêché que leur vie se transforme en enfer depuis la diffusion du tweet qui est resté quatre jours sur les réseaux sociaux, de quoi permettre une très large diffusion.
Individus postés devant le domicile
Céline F. est présentée dans le tweet comme l’opératrice ayant répondu à Naomi. Il se trouve que le jour du drame, le 29 décembre, Céline F. se trouvait « en arrêt […] et n’était pas même présente dans les locaux du Samu« , rapporte le journal Le Monde. Dans la foulée de la diffusion du tweet, Céline F. reçoit sans interruption un flux d’insultes et de menaces, sur son téléphone comme sur les réseaux sociaux. « D’après une source de la gendarmerie locale suivant de près le dossier, Céline F. n’a pas pu rentrer chez elle le soir de la publication du tweet car ‘deux individus menaçants étaient postés à la porte de son domicile’« , souligne le quotidien.
Les malheurs de Céline F. ne s’arrêtent pas là. Elle a déménagé depuis, a arrêté d’exercer sa profession, et ses enfants ne vont plus à l’école. « Ils n’iront pas à l’école avant septembre ». Dans ces conditions, la jeune femme a également décidé de ne plus exercer sa profession. « On fait du quarante appels de l’heure, et quand on arrive à faire deux pauses pipi dans la journée, on est contents. On ne peut plus travailler dans ces conditions. Il y a eu un drame et c’est dommage qu’on doive en arriver là pour être entendus », témoigne-t-elle.
« On me souhaite de mourir carbonisée dans ma voiture. »
Sylvie L. a vu ses photos publiées sur les réseaux sociaux aux côtés de celles de Céline F. « Je dors deux heures par nuit, je me réveille en pleurs, je suis au bout du rouleau. J’ai 57 ans, mon mari ne veut pas que je sorte seule — il a peur, lui aussi. Je ne sais pas comment je tiendrai le coup. On ne peut pas sortir indemne de ces calomnies« , se confesse-t-elle. Nos confrères du journal Le Monde, qui ont eu Sylvie L. au téléphone, affirment que « la voix de cette femme […] n’est pas non plus celle qui a reçu l’appel de Naomi Musenga« .
Emilie L., la troisième opératrice du SAMU faussement accusée sur les réseaux sociaux, n’a pas été épargnée. Le jour du drame, elle était également absente. « On me souhaite de mourir carbonisée dans ma voiture, d’être séquestrée et battue à mort, de crever comme un animal […] On me traite de fasciste, on me dit que la haine se lit sur mon visage », déclare la jeune femme. Elle ajoute qu’aujourd’hui elle n’arrive plus à sortir de chez elle depuis qu’elle a été montrée du doigt au restaurant alors qu’elle dînait en compagnie de sa famille.
Les trois opératrices ont porté plainte auprès de la gendarmerie.
{"type":"Banniere-Basse"}