Léo Soesanto nous raconte son addiction à 24 heures, dont la saison 7 déboule aux Etats-Unis, un peu retardée par la grève des scénaristes. Un petit shoot de Jack Bauer ?
Comment j’ai arrêté la dope… (24 Heures Chrono)
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Les premiers symptômes datent de 24 : Rédemption – ce téléfilm bouche-trou/amuse-gueule (diffusé en novembre dernier) pour nous donner notre fix de frissons avant la septième saison, retardée pour cause de grève des scénaristes. On regardait Jack Bauer crapahuter avec des enfants soldats en Afrique et… rien. Vint le premier épisode de la saison sept. Et rien. Jack menaçait un méchant avec un stylo dans l’œil, une crise internationale faisait chauffer les cerveaux à la Maison Blanche… on a regardé cela pour la première fois avec (sacrilège !) la touche avance rapide, las. Tout comme le second épisode. On a fait l’impensable ensuite : on a demandé à un copain (qui avait l’air tout aussi las) de nous raconter la suite et on tombait des nues devant ce qu’on entendait. C’était donc fichu, on était bien… sevré ? Et on avait tout pardonné à 24 : Kim Bauer, le puma (saison 2), les plans gigones (saison 4 – le plan A est déjoué, mais pas grave, on a un plan B, C… Z) ou les cartouches trop vite cramées/brûlées dès l’amorce (saison 6). On s’était tout enfilé à la suite pour faire « temps réel ». A vue de nez, la fin de l’épisode 1 saison 7 est la plus plan-plan jamais vue, en comparaison des ouvertures précédentes, qui plaçaient la barre très haut, souvent trop haut (décapitation, Jack toxico et autres désastres).
Que nous était-il arrivé ? La lassitude, de voir encore les mêmes ficelles (ou plutôt câble, de voir s’épuiser les multiples combinaisons (tel personnage a une tête de traître, mais en fait non, mais en fait si). Il y a aussi l’impression d’être arrivé en fin de cycle. David Palm… non, Baracko est président, a fermé Guantanamo, promis de moraliser un peu plus barbouzeries et politique étrangère. Les scénaristes de 24 ont vaguement pris en compte la donne en envoyant Jack se faire auditionner par une commission sénatoriale sur la torture. Bien sûr, il ne regrette rien. Les saisons ont lentement épuisé le capital sympathie, christique, et on a juste l’impression de voir Sutherland en mode automatique (ici, comme ailleurs, tel dans le film d’horreur Mirrors, alias Jack Bauer contre les reflets). Miroir, justement, de l’Amérique bushienne, la série n’a pas tant comme cœur une morale (la fin justifie les moyens) que la fuite en avant dans la terreur. On ne lui fait pas guéguerre, on joue juste à se faire peur, de l’intérieur, de l’extérieur. 24 n’était (juste) qu’un un train fantôme avec traîtres, terroristes et le 11 septembre comme croquemitaine. Quelqu’un (Obama, Les scénaristes épuisés) vient juste de rallumer la lumière et on est là comme des idiots à regarder les trétaux, les fils qui pendent. Les passagers se regardent hagards, l’impression d’avoir été valdingués en montagnes russes montées sur des rails de coke. On a aimé, c’est devenu un plaisir coupable, douteux. On ne nous y reprendra plus… jusqu’une meilleure qualité de came (ou comment j’ai repris la dope).
Maintenant, Jack peut aller se rhabiller au Japon (ou boire du jus).
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