Comment assouvir ses besoins de protection tout en exhibant son intimité ? En se drapant dans un bon vieux plaid. Toute en superpositions, cette silhouette est extraite de la dernière présentation de Sacai, la marque de la Japonaise Chitose Abe. Tant chez l’homme que chez la femme, cette créatrice mélange avec une grande inventivité et […]
Comment assouvir ses besoins de protection tout en exhibant son intimité ? En se drapant dans un bon vieux plaid.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Toute en superpositions, cette silhouette est extraite de la dernière présentation de Sacai, la marque de la Japonaise Chitose Abe. Tant chez l’homme que chez la femme, cette créatrice mélange avec une grande inventivité et un sens de l’architecture corporelle très poussé les volumes et les signes (parfois opposés) : une pièce de tailoring avec une parka, un bermuda sur un sweatpant aux ourlés resserrés, du tweed sur du coton.
Mais le punctum de cette image réside en cette couverture, portée nonchalamment par notre beau. Est-il sorti un peu hâtivement de chez lui, emportant son couvre-lit ? Rentre-t-il d’un week-end de bivouac dans les Cévennes ? En pleine bouffée délirante, a-t-il prévu de jouer les Batman sur les toits de Paris ? Cet accessoire, toujours très en vogue chez les mamas africaines des marchés de Brixton ou Barbès, s’est introduit massivement cette saison sur les catwalks chez Chloé, Vuitton, Acne et surtout Burberry Prorsum : chef de brigade, Cara Delevingne portait une couverture siglée à ses initiales, à mi-chemin entre le drapé antique et le poncho bohemian chic. La couverture permet d’“emballer la silhouette, comme un nouveau wrap, analyse Jérôme Bloch, responsable du studio homme chez Nelly Rodi. Chez l’homme, elle peut également venir jouer la troisième pièce du costume.”
Face à l’invasion, la presse anglaise, qui aime jouer sur les mots, parle de “blanket statement”, cette expression à double sens qui désigne par ricochet un énoncé un peu tautologique. Une bonne piste : la couverture, à la portée de tous, agit comme signe sursignifiant qui en revient à la fonction première du vêtement, son degré zéro – protéger, couvrir. Peau de bête de l’homme de Cro-Magnon, apanage des chercheurs d’or, elle acte le désir de nos contemporains, un instant débarrassés de leurs oripeaux numériques, de revenir à l’essentiel.
Accessoire du dedans porté en dehors, elle dit aussi l’envie de montrer son intimité tout en s’assurant un sas de protection. Un espace de projection intime, continuation du moi qui constitue également un espace privilégié d’expression pour les créateurs. Quel meilleur support pour déployer un logo, un univers visuel ou encore, tel un objet cubiste, venir chamailler et déconstruire la silhouette ?
{"type":"Banniere-Basse"}