Le blanc, le nouveau noir ? Porté en total look, il devient l’étendard de nouvelles subversions. Sa robe ? Eperdument blanche. Sa ceinture ? Encore plus. Le veston enfilé par-dessus ? N’en parlons pas. La presse de mode qualifie ça de chic opalin, laiteux, beurre frais. Appelez-le comme vous voulez : le monochrome blanc surplombe […]
Le blanc, le nouveau noir ? Porté en total look, il devient l’étendard de nouvelles subversions.
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Sa robe ? Eperdument blanche. Sa ceinture ? Encore plus. Le veston enfilé par-dessus ? N’en parlons pas. La presse de mode qualifie ça de chic opalin, laiteux, beurre frais. Appelez-le comme vous voulez : le monochrome blanc surplombe les défilés du printemps-été 2015 et nous donne les clés d’une douce insurrection.
Ci-contre, chez Christophe Lemaire, créateur à l’épure magistrale, il nous habille non pas d’une virginité éternelle mais d’une maturité des plus contemporaines. Pour la première collection de J. W. Anderson chez Loewe, porté en chic néo-gréco-romain, il fait preuve d’un classicisme chahuté. Chez Hermès, twisté façon flouer power, il se porte comme un souffle égalitaire. Chez les people, de Zoë Kravitz à Lady Gaga, il permet d’abandonner un uniforme hipster pour un minimalisme radical : ainsi, nos tourterelles se délestent d’une surcharge sémiotique et s’enveloppent d’une page blanche à remplir seules.
Car si le blanc (contrepied par excellence du noir de rigueur dans la mode) peut se permettre de rouler des mécaniques, c’est à cause de la profonde complexité de son histoire. C’est tout d’abord l’imprimerie qui en fait son support privilégié, créant une sorte d’équivalence entre blanc et absence de couleur. Nouveau symbole de neutralité, il devient un outil aussi pratique que symbolique : il peut mesurer la propreté du corps grâce à l’encrassement d’un col de chemise ou promettre la virginité d’une mariée grâce à sa robe.
Mais le blanc est paradoxal : comme le fait remarquer l’historien spécialiste de la symbolique des couleurs Michel Pastoureau, la teinte est aussi celle de la maturité, “des cheveux qui blanchissent, de la sérénité (…). Le blanc de la mort et du linceul rejoint le blanc de l’innocence et du berceau” – un symbole de renouveau profondément transversal. Et si les trend reports des collections qui émergent dans la presse US font rire jaune pour leurs titres maladroits du genre “le pouvoir du blanc”, qui évoquent le whitening, ou le blanchiment historique forcené des codes de la mode et la beauté, n’y voyez pas de mauvaise intention : ce chic all-in-white invoque une histoire plurielle et mouvementée, tentant aujourd’hui de ne redevenir qu’une couleur, ni plus ni moins.
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