Un bling outrancier, à mi-chemin entre poing américain et bague Cartier. Annelise Michelson n’aime pas qu’on la prenne pour une nunuche. Alors, pour le rappeler au monde, elle se pare de bijoux acérés de sa marque aux noms évocateurs : Carnivore ou Déchaînée. “Je ne veux pas encourager les femmes à avoir l’air joli et […]
Un bling outrancier, à mi-chemin entre poing américain et bague Cartier.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Annelise Michelson n’aime pas qu’on la prenne pour une nunuche. Alors, pour le rappeler au monde, elle se pare de bijoux acérés de sa marque aux noms évocateurs : Carnivore ou Déchaînée. “Je ne veux pas encourager les femmes à avoir l’air joli et inoffensif. Je veux leur donner des armes”, dit-elle. L’intrépide appartient à une génération de jeunes femmes qui créent des bijoux féroces, pensés pour une féminité de warrior plutôt que de poupée. Artisanaux, luxueux, oui, mais jamais synonymes d’ornementation passive et délicate.
Dans la même veine, on peut aussi penser à la créatrice de bijoux de Dior, Camille Miceli, dont la jet-set s’arrache la boucle d’oreille Tribale. Inspirée des piercings au nombril, elle semble traverser l’oreille par un jeu de trompe-l’oeil. Quant à Marie Poniatowski, elle imagine une ligne de crucifix nommée Diabolique, célébrant une culture rock-gothique. Et le label newyorkais arty Faux/Real propose des pièces industrielles, brutes, sortes de talismans postmodernes. Cette esthétique – et sa symbolique – va à l’encontre d’un des principes fondateurs de la culture bourgeoise : en pleine révolution industrielle, l’économiste et sociologue américain Thorstein Veblen décrit le phénomène de “vicarious ostentation” (l’étalage par procuration). Les nouvelles fortunes font spectacle de leur réussite en ornant femmes et enfants de symboles du luxe. Le lien entre société marchande et organisation genrée est détourné.
Mais ces marques conçues par et pour des femmes invoquent une histoire de la parure bien plus ancienne. Les totems, les grigris et les armes de combats rappellent le rôle ritualisé et sacré que joue l’ornement depuis toujours. Le bijou, sur les hommes avant tout et notamment les chefs de tribu, est une expression clanique au pouvoir transcendantal : il devient magique par les vertus que le groupe lui confère. Le totem contemporain adopte aussi la force occulte invoquée par ses créatrices. Indomptable, débridé, frontal, il prend l’autre par les cornes.
{"type":"Banniere-Basse"}