La vidéo dévoilée le 10 septembre par Lemonde.fr, dans laquelle le ministre de l’Intérieur tient des propos douteux, a déclenché une avalanche de réactions : soutien unanime dans son camp politique, indignation à gauche et de la part des associations. Le ministre en sort ébranlé.
« Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes. » Cette phrase prononcée par Brice Hortefeux lui a vraiment fait passer une sale journée.
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Le 10 septembre à 16h05, Lemonde.fr met en ligne la vidéo, tournée le weekend précédent aux Journées d’été des Jeunes UMP à Seignosse. On voit le ministre, accompagné de Jean-François Copé, prendre une photo souvenir avec un jeune homme d’origine maghrébine, Amine. « Il ne correspond pas du tout au prototype », plaisante Brice Hortefeux. « Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes. »
A 16h33, le site de l’hebdomadaire Marianne titre : « Racisme : Hortefeux va-t-il être mis à la retraite d’office ? », en référence au préfet Paul Girot de Langlade. Quelques jours avant, il a été écarté de ses fonctions par le ministre de l’Intérieur pour des propos racistes à l’égard d’employés d’un aéroport. Le préfet jubile : « Le plus raciste des deux n’est pas celui que l’on croit. »
Peu après la diffusion des images, le ministre de l’intérieur se défend dans un communiqué. Mal, très mal, au point que c’en est ridicule.
« A l’occasion des universités d’été de l’UMP, alors qu’il prenait une photo à la demande d’un jeune militant, des commentaires du public ont porté sur les caractéristiques supposées des habitants de l’Auvergne, région d’origine de Brice Hortefeux.
Celui-ci a alors précisé « s’il y en a un, ça va ; c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes » par référence aux très nombreux clichés qu’il venait de prendre avec la délégation auvergnate et alors qu’il s’apprêtait à partir. »
Qu’est-ce qui, démultiplié, devient source de problèmes : les Auvergnats (attention, les élections régionales c’est l’an prochain… ) ? Les clichés (photographiques, s’entend) ? Les explications s’embrouillent.
Sur TF1, le Premier ministre François Fillon défend son ministre, l’estimant victime « d’une campagne de dénigrement assez scandaleuse ». Nicolas Sarkozy est resté muet. Xavier Bertrand, le secrétaire général de l’UMP, affirme que « la gauche est prête à tout pour nous nuire ». Dans un communiqué, les Jeunes Populaires apportent « un soutien sans faille » à Brice Hortefeux. Récent converti à la majorité présidentielle, Philippe de Villiers s’élève « contre la manipulation misérable qui vise à salir la réputation » du ministre, « et en même temps à intimider tous les hommes politiques ». Pas forcément le meilleur soutien en ce moment.
Amine, le jeune homme « héros » de la vidéo, a tenu à apporter son soutien au ministre.
A gauche, ça tonne. La première secrétaire du PS, Martine Aubry, s’est dite « choquée » et « consternée ». « Les Français ne peuvent accepter qu’un ministre puisse s’exprimer ainsi. Je ne tolérerai pas que des propos racistes soient tenus dans notre pays ». Benoît Hamon renchérit : « Ce sont des propos honteux et inqualifiables (…) qui stigmatisent les jeunes immigrés ». Les Verts se jettent dans la mêlée : « On sait dorénavant ce que M. Hortefeux a dans le ventre. Et ça ne sent pas bon », affirment-ils. Plusieurs responsables politiques appellent à la démission, comme Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche) : « il vaudrait mieux changer de poste ».
Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) a accueilli « avec stupeur mais sans surprise » les mots « racistes » de Brice Hortefeux. Jean-Pierre Dubois, de la Ligue des droits de l’homme, s’interroge : « Comment un ministre peut tenir ces propos après avoir sanctionné un préfet pour les mêmes raisons ? » L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) s’est déclarée « choquée » et SOS Racisme a fait part d’un « profond malaise ».
De fait, comme le rappelle Rue89, Brice Hortefeux a un passif. Devant Azouz Begag, Rama Yade ou Fadela Amara, le ministre aurait déjà dérapé. Rachida Dati aurait d’ailleurs plusieurs fois qualifié Brice Hortefeux de « gros raciste ». Azouz Begag, désormais proche du Modem, a dénoncé « un vrai bon dérapage franchouillard raciste qui n’a rien d’étonnant venant d’un ministre qui mène une politique xénophobe ».
Devant le trouble que suscite la vidéo, Le Figaro finit par la poster sur son site. Le 11 septembre, vers 8h30 du matin.
En début d’après-midi, on apprend enfin la provenance des images : elles ont été tournées par une équipe de Public Sénat et La Chaîne Parlementaire. Les deux antennes ont choisi de ne pas les diffuser. Méli-mélo d’explications de la part de Gérard Leclerc, qui ne convainc pas sur Liberation.fr. Censure ou pas? Plusieurs articles évoquent le mécontentement des journalistes de la chaîne, qui a finalement décidé de montrer ses images à l’antenne.
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