En 2019, le paludisme tue encore et ce, majoritairement en Afrique. A Paris, l’association Esprit d’ébène multiplie les actions et les événements pour lutter contre la “fièvre des marais”.
L’asso s’appelle “Esprit d’ébène” et, comme son nom ne l’indique pas, cette structure d’insertion sociale et professionnelle pour les jeunes est très active dans le combat contre le paludisme. Basée dans le quartier de la Goutte-d’Or, à Paris, elle organise tous les 25 avril des événements dans la capitale à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre cette maladie mortelle transmise par les moustiques. L’homme à l’initiative de ce projet : Mams Yaffa, 40 ans, directeur et fondateur de l’association. Le sujet le touche au plus profond, et ce, littéralement : il est lui-même porteur de la “fièvre des marais”.
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Des initiatives pour sensibiliser le grand public
Traité à temps à l’époque de sa contamination, il se porte bien aujourd’hui. Sa sœur n’a pas eu cette chance : elle est décédée de ce mal il y a plus de dix ans. Assis derrière son bureau, Mams reste pudique sur la question. Mais s’avère plus prolixe concernant les initiatives contre le palu que lui et ses équipes ont mises en place. Le déclic a eu lieu à l’occasion d’un voyage en Suisse pour une levée de fonds visant à faire reculer la maladie, à Genève. “Ils ne savaient pas du tout communiquer”, nous raconte Mams, qui pointe le décalage entre les “discours d’agences et de communicants”, créés à New York ou Paris, et la réalité des personnes touchées par cette maladie, qui vivent majoritairement en Afrique.
Il lance alors plusieurs projets et s’associe à la campagne United Against Malaria. Le premier sera le concept PaluFoot : en 2006, des campagnes vidéo de sensibilisation avec des joueurs de foot africains sont tournées à l’initiative d’Esprit d’ébène. En 2010, quinze clubs de Ligue 1 arborent un maillot “Unis contre le paludisme” lors de la 34e journée du championnat de France. Mams tournera aussi un docu, Footballeurs contre le paludisme.
A Paris, il organisera par la suite PaluArt, un événement grand public, place Stalingrad en 2012 et place de la République en 2015. Au programme : signature de moustiquaires ou customisations de celles-ci par des artistes de graffiti -– Kolorz, JayOne, Kongo… –, vente solidaire avec Emmaüs, défilés, entre autres animations.
Aujourd’hui soutenu par la mairie de Paris
Cette année, toujours pour la journée mondiale de lutte contre le paludisme, ils “montent en grade” : Mams explique avec enthousiasme qu’ils investiront la place de l’Hôtel-de-Ville, avec notamment pour marraine la chanteuse malienne Fatoumata Diawara, et en présence d’Oxmo Puccino. Nommé Zéro Palu ! Je m’engage, l’événement est soutenu par la Ville de Paris et par le Partenariat RBM, plate-forme mondiale d’action de lutte contre le paludisme.
Des concerts auront lieu, de même qu’un tournoi de foot féminin – une joueuse de l’équipe de France et des joueuses africaines seront présentes –, des expos ou encore des ateliers de graffiti ou de prévention pour les enfants. Une structure géante en bois représentant un moustique sera aussi érigée. C’est en effet l’insecte le plus meurtrier au monde, et il s’agit de le faire savoir : “Outre le public des voyageurs, nous essayons surtout de cibler les enfants et les jeunes qui ont de la famille au pays, ou ceux qui y vont souvent, et qui ont l’impression d’être invincibles.”
435 000 personnes sont pourtant mortes du paludisme en 2017, pour 219 millions de cas recensés par l’Organisation mondiale de la santé. Dans son dernier rapport, l’institution tire d’ailleurs la sonnette d’alarme : si la maladie a régressé à l’échelle de la planète, elle continue de progresser en Afrique.
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