Dans la nuit du 23 au 24 mai, les députés ont approuvé un amendement prévoyant l’instauration de frais d’inscription pour les classes préparatoires. Une décision qui fait débat, surtout dans le milieu universitaire. Julien Blanchet, président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), réagit.
La gratuite des classes préparatoires, c’est fini. Désormais, les élèves des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) devront payer des droits d’inscription. Les boursions continueront de ne rien payer. Près de 80 000 élèves en France se dirigent vers les classes préparatoires chaque année. Selon le député PS Vincent Feltesse, « un élève en prépa coûte en moyenne 15 240 euros par an contre les 8 080 euros pour un étudiant universitaire ». Nous avons interrogé Julien Blanchet, président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage).
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Pourquoi cette mesure a-t-elle été adoptée ?
La décision de mettre fin à la gratuite des classes préparatoires a été prise pour essayer de rapprocher les deux entités, car les CPGE ont ce privilège napoléonien de ne pas avoir de frais d’inscription.
Quelles vont être les conséquences ?
Hier, j’étais à l’Assemblée Nationale lorsque l’amendement a été adopté. Ce qui est scandaleux dans la décision, c’est que désormais les meilleurs élèves des lycées auront un accès libre de droit aux CPGE. Ce qui discrédite une fois de plus les universités. Ces futurs étudiants feront très vite leur choix en faveur des CPGE.
En France l’idée est la suivante : les bons élèves dans les prépas, et les mauvais à l’université. C’est scandaleux, parce qu’il y a des excellentes universités françaises. Malheureusement, cette décision de l’Assemblée n’est qu’une mesure d’affichage.
Que faudrait-il faire pour redorer le blason des universités ?
Il y aurait beaucoup de choses à faire, en commençant par sa valorisation dans les discours. Il faudrait donner aux universités les moyens de se reconstituer. Il faudrait les rapprocher des CPGE en plaçant celles-ci dans l’enceinte universitaire plutôt que dans les lycées.
Jérôme Guedj, député PS, a défendu cet amendement qui a pour but de lutter « contre les ségrégations, notamment spatiales ». Est-ce que vous croyez que l’amendement permettra aux jeunes les moins favorisés d’intégrer ces filières ?
Non, je n’y croit absolument pas. Le raisonnement est faux. Ce n’est pas par l’argent récolté via les frais d’inscriptions que des jeunes venant de milieu défavorisés pourront avoir plus facilement accès aux CPGE. Normalement, ces démarches sont du ressort des aides sociales qui sont financées par les impôts. Cet argent récolté par les frais d’inscriptions aux CPGE pourraient aussi servir à financer les universités pour les aider à se rénover.
Le député PS Vincent Feltesse a déclaré : « l‘origine sociale des élèves de classes prépas est particulièrement favorisée, puisque 51 % d’entre eux ont des parents cadres supérieurs ou exerçant des professions intellectuelles ». Qu’en pensez-vous ?
Vincent Feltesse a raison. Les classes préparatoires sont une chasse gardée des classes sociales favorisées.
Il a ajouté : « Compte tenu de leur origine sociale, il semblerait logique que les élèves de classes préparatoires se voient réclamer des droits d’inscription, à l’instar des étudiants d’université. »
Que ce soit pour des élèves de prépas ou d’universités, cette initiative est un pas vers l’adoption d’un système de frais modulables. Des frais d’inscriptions définis en fonction du revenu. Hors, la Fage est complètement contre une telle démarche. Ce serait considérer les étudiants comme des consommateurs d’un bien qui est celui de l’enseignement. Or l’enseignement profite à la société entière, ce n’est pas un produit. Le système devrait être financé surtout par les impôts et les étudiants ne devraient payer des droits d’inscription symboliques.
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