L’artiste Deborah de Robertis avait fait polémique en 2018 pour s’être montrée entièrement nue devant la grotte du sanctuaire de Lourdes. Elle a été condamnée à 2000 euros d’amendes pour exhibition sexuelle jeudi 6 août.
Le 31 août 2018, les cheveux recouverts d’un voile bleu, les mains jointes devant son visage et le corps dénudé, la performeuse luxembourgeoise Deborah de Robertis dénonçait la sexualisation du corps des femmes devant la grotte de Lourdes. « Avec ce geste de mise à nu, j’incarne l’apparition de la Vierge avec mon corps de chair et de femme vivante. Ce geste est un hymne à la vie. En incarnant les modèles féminins, mon propos est de les libérer du cadre dans lequel ils sont figés et inverser ainsi le point de vue à partir du regard des femmes sur le plan historique, politique et artistique » expliquait l’artiste dans son texte L’émancipation par le regard paru aux Éditions Des femmes et republié le 6 août sur ses réseaux sociaux.
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À l’époque, les sanctuaires de Lourdes avaient déposé plainte pour « exhibition sexuelle ». Ils mettaient en avant « un acte d’exhibitionnisme qui a choqué les fidèles présents » dans une démarche « prétendument artistique » comme le rapporte France 3 Occitanie. Hier, la chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Tarbes a rendu sa décision et condamné Deborah De Robertis à 2000 euros d’amende, dont 1000 euros avec sursis.
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“La loi s’applique à tout le monde”
Au cours de l’audience du 25 juin dernier, le Procureur avait rappelé que « la loi s’applique à tout le monde ». Avant d’ajouter : « Ce n’est pas parce qu’on se pare de la liberté d’expression ou d’un cadre artistique qu’on peut se dédouaner de la rigueur de la loi ».
Contactée par le média d’actualités régionales, l’avocate de Deborah de Robertis, Maître Marie Dosé a parlé d’une décision « en complète contradiction avec les jurisprudences en matière de performance artistique ».
Le 27 juillet, dans un post Facebook, l’artiste dénonçait la « bêtise misogyne institutionnalisée » en revenant sur l’audience et ses motivations : « Que le juge, les pèlerins, les prêtes fantasment est une chose mais qu’ils amalgament leurs fantasmes sexuels inconscients avec la réalité et donc qu’ils les prennent comme référence juridique, en est une autre : c’est là que précisément le terrain devient glissant, dangereux et donc politique. »
Après l’annonce de sa condamnation, Deborah de Robertis s’est également exprimée : “Les conséquences juridiques sont importantes, c’est important que l’on débatte, que l’on soulève des questions qui sont politiques”, a-t-elle déclaré à l’AFP et reprise par le HuffPost. “D’un point de vue féministe, l’émancipation passe par le corps. C’est normal que les femmes utilisent leur corps comme moyen d’expression, c’est un renversement”, a affirmé l’artiste. Sur Twitter, elle a annoncé qu’elle ferait appel de la décision du tribunal.
Voilà le verdict, nous allons faire appel ➡️ Pour rappel, je suis ni stripteaseuse, ni activiste, je suis artiste. Pour les harceleurs qui ont toujours pas saisi le concept ➡️ un extrait de mon texte intitulé « l’émancipation par le regard » paru aux @EdDesfemmes 🙏 pic.twitter.com/HSxmBEwO5V
— Deborah de Robertis (@D_derobertis) August 6, 2020
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Des actions coup de poing
Deborah de Robertis n’en est pas à son coup d’essai et a déjà été poursuivie à plusieurs reprises pour exhibition sexuelle mais jusqu’à présent, elle avait toujours été relaxée. Le tribunal correctionnel de Paris avait notamment retenu l’argument de la défense arguant un « acte militant et artistique » en statuant sur une performance similaire au musée du Louvre, en 2017.
En 2014 et en 2016, elle avait été rappelée à la loi après avoir imité les tableaux L’origine du monde de Gustave Courbet et Olympia d’Edouard Manet pour, au musée d’Orsay.
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