Les intolérants au lactose feraient mieux de garder leur distance. L’artiste Chloé Wise pose enfin ses valises en France et dans son sillage arrive une déferlante de liquide lacté et visqueux sur la galerie Almine Rech. Cette canadienne basée à New York, très connue outre-Atlantique, inaugure sa première exposition solo dans l’Hexagone intitulée Of False […]
Fruits recouverts d’une substance laiteuse, plâtrées de pâtes dégoulinantes de sauce tomate et madones en égéries de publicité : Chloe Wise, artiste canadienne pop et politique, a la dent dure contre la société de consommation. La galerie parisienne Almine Rech lui ouvre ses portes pour sa première expo en France.
Les intolérants au lactose feraient mieux de garder leur distance. L’artiste Chloé Wise pose enfin ses valises en France et dans son sillage arrive une déferlante de liquide lacté et visqueux sur la galerie Almine Rech. Cette canadienne basée à New York, très connue outre-Atlantique, inaugure sa première exposition solo dans l’Hexagone intitulée Of False Beaches And Butter Money (“De fausses plages et de l’argent en beurre” en français) dans cette galerie du 3ème arrondissement de Paris. L’exposition gratuite, où le lait coule à flot, sera visible jusqu’au 7 octobre, l’occasion de découvrir cette artiste pop et engagée de seulement 26 ans.
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Le bagel de la gloire
C’est en 2014 que Chloe Wise se fait connaître. Lors d’un événement de la marque Chanel, l’actrice India Menuez fait sensation avec son sac en forme de bagel au fromage frais et au saumon. Un accessoire d’autant plus remarqué que le célèbre sigle aux deux “C” entrelacés est suspendu au petit pain rond. Les médias et les aficionados de la mode sont en émoi, ils croient à une nouvelle création de la célèbre marque française alors qu’en réalité c’est une sculpture très réaliste issue de la série Bread Bags de Chloe Wise : le « Bagel N° 5 ».
Très active sur Instagram, la canadienne est réputée ses mélanges de codes entre culture populaire et classicisme, entre luxe et objets quotidiens. A travers des sculptures, des peintures à l’huile, des vidéos ou des installations, elle questionne le consumérisme ordinaire et ses excès, ainsi que la superficialité de la société moderne, le tout à travers le prisme de la nourriture.
© Chloe Wise – Photo: Rebecca Fanuele
Courtesy of the Artist and Almine Rech Gallery
« La publicité offre de très beaux langages visuels »
Entre campagne de publicité et tableaux pastoraux, ses peintures représentent des madones dévêtues tenant dans leurs bras des canettes, des briques de lait, des fruits ou des légumes dans des gestes parfois maternels, souvent sensuels. Elle explique à Vogue en novembre 2016 :
Je pense qu’à notre insu, dans beaucoup de publicités, on voit la nourriture vendue de manière très sexuelle parce que cela capitalise sur les désirs du spectateur. C’est comme pour les « huuuum » entendu dans les pubs pour les pizzas au fromage, ou alors quand Olive Garden [chaîne de restaurants italiens aux Etats-Unis ndlr] montre la fourchette tourner dans un plat de pâtes. Il y a de la graisse et c’est en slow motion, c’est érotique, ça joue avec nos désirs charnels. En vérité, nos désirs, ce sont la nourriture le sexe, l’argent, et le pouvoir. Donc la nourriture et le sexe peuvent être traités de manière similaire visuellement.
Des postures et une sensualité inspirée de la culture populaire transmise par la publicité. Fascinée par cet outil de communication moderne, Chloé Wise détourne ses codes et les transporte dans un décor ultra classique, comme une boîte de conserve d’Andy Warhol qui joncherait un tableau de Manet. « La publicité offre de très beaux langages visuels. Accéder au psychisme et aux désirs humains en utilisant la publicité est un art en soi. C’est très complexe et psychologique. J’apprécie vraiment les outils de communication visuelle qui viennent de là », confie-t-elle.
© Chloe Wise – Photo: Rebecca Fanuele
Courtesy of the Artist and Almine Rech Gallery
Quant à ses installations, elles montrent des pâtes ou des fruits dégoulinant de lait, des aliments baignant dans de la sauce tomate ou de l’huile – natures mortes peu ragoûtantes. La nourriture est un élément central de sa production au point de créer l’ambigüité. Elle décrypte, toujours dans Vogue : “Dans une publicité pour la mode, les femmes ont la peau très rayonnante avec des effets ‘glossy’ qui reflètent la jeunesse. C’est un genre de sexy et moite. […] Je représente les femmes de façon à ce qu’elles soient brillantes, glossy, luisantes. Elles apparaissent à côté de nourritures sur la nappe de pique-nique. Comme ça on se demande qui est l’objet et qui est le sujet.”
“Of false beaches and butter money”, jusqu’au 7 octobre 2017 à la galerie Almine Rech, 64 rue de Turenne, 75003 Paris.
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