Claude Guéant ne cesse de le répéter : les 500 000 euros trouvés sur son compte proviennent de la vente de deux tableaux à un avocat malaisien. La justice en doute fortement. En mars dernier, l’ex-ministre de l’Intérieur a été mis en examen pour faux et usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en […]
Claude Guéant ne cesse de le répéter : les 500 000 euros trouvés sur son compte proviennent de la vente de deux tableaux à un avocat malaisien. La justice en doute fortement. En mars dernier, l’ex-ministre de l’Intérieur a été mis en examen pour faux et usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée, en lien avec l’affaire dite « du présumé financement de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy par le régime de Kadhafi ».
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L’enquête consultée par L’Obs, et en partie révélée par Mediapart, remet sérieusement en cause sa version. On le savait déjà, les deux peintures du peintre Van Eertvelt ne dépassent pas les 35 000 euros sur le marché de l’art. Claude Guéant aurait donc réalisé l’affaire du siècle. La justice a du mal à y croire, tant les incohérences se sont accumulées dans le récit de Claude Guéant lors de ses interrogatoires. D’autres pistes ont donc été explorées, notamment celle d’un financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Où sont passés les tableaux ?
Aucune photo des deux petites marines n’apparaît dans les archives familiales des Guéant. La femme de ménage de Claude Guéant est sûre de ne jamais les avoir vues. Le seul élément qui tend à prouver la présence des deux œuvres en Malaisie est une photo envoyée par mail à l’ex-ministre par Siva Rajendram, l’avocat qui les aurait achetées. On y voit une femme présentée comme son assistante poser avec les deux toiles et un journal datant de juillet 2013.
La vente des deux toiles, telle que décrite par Claude Guéant, semble à bien des égards incohérente. A l’automne 2007, au cours d’un dîner, un avocat malaisien lui fait part de son intérêt pour la peinture marine hollandaise. Claude Guéant, qui a dit aux enquêteurs chercher de l’argent pour l’achat d’un appartement à cette époque, lui propose alors de venir voir ses tableaux. Quelques jours plus tard, la vente est effectuée. L’avocat a proposé une somme extraordinaire pour de telles œuvres : 500 000 euros. L’acheteur ne se serait donc pas renseigné sur la valeur réelle des toiles et pour Claude Guéant ce montant n’avait rien d’étrange, il déclare aux enquêteurs : « Cette proposition m’apparaissait correspondre à un besoin que j’avais et je ne ne suis pas marchand donc je n’ai pas cherché davantage« .
Un financement libyen de la campagne de Sarkozy ?
Autre incohérence relevée par l’enquête : les 500 000 euros versés sur le compte de Claude Guéant n’appartiendraient pas à l’avocat malaisien. En mars 2008, deux jours avant le paiement des tableaux, le compte de l’acheteur a été crédité de… 500 000 euros provenant d’une banque saoudienne. Selon l’enquête, Khalid Bughsan, homme d’affaires saoudien est le donneur d’ordre du virement. Interrogé par les enquêteurs, il dit ne plus se souvenir de ce virement et désigne Wahib Nacer, son ancien « gestionnaire de compte », comme potentiel responsable.
Dirigeant du Crédit agricole suisse, ce dernier a régulièrement été en relation pour affaires avec Bachir Saleh, dignitaire au sein du régime de Khadafi, également à la tête d’un très puissant fonds d’investissement libyen en Afrique. D’anciens proches du régime le désignent comme l’un des principaux acteurs d’un réseau de corruption entre la France et la Libye.
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