Au lendemain du tremblement de terre des Abruzzes, cinq réalisateurs italiens sont allés sur les lieux. Pour porter sur le séisme un regard différent de celui des médias traditionnels.
A l’initiative du quotidien La Repubblica, Francesca Comencini, Michele Placido, Paolo Sorrentino, Ferzan Ozpetek et Mimmo Calopresti se sont déplacés dans les environs de L’Aquila pour rendre compte à leur manière de la situation, entre opérations de sauvetage et camps d’hébergement. La réalisatrice Francesca Comencini d’expliquer : “Je suis allée à San Gregorio pour y retrouver mon contact, Chiara, qui habite dans le village. Je m’y suis rendue parce que la presse et la télévision n’en parlaient presque pas.”
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Dans Le Donne di San Gregorio (Les Femmes de San Gregorio), la réalisatrice recueille le récit de six femmes, assises sur les ruines de leurs maisons. “J’ai passé la soirée avec ces personnes qui avaient envie de parler et de se confier. Elles ont donc raconté leur histoire et leurs inquiétudes. Le résultat ressemble à des instantanés.” L’Assegnazione delle tende (L’Attribution des tentes), de Paolo Sorrentino est tourné le soir même du séisme. Le réalisateur se concentre sur l’affectation des abris aux familles et sur le recensement par mégaphone. Le film de Mimmo Calopresti est intitulé Perfect Day, comme la chanson de Lou Reed qui l’accompagne. Il décrit lui aussi l’ambiance d’une ville fantôme, délaissée par ses habitants.
Par le biais du ministre de l’Intérieur Roberto Maroni, le gouvernement italien a évalué l’aide nécessaire à 12 milliards d’euros. Alors que le projet d’une taxe supplémentaire sur les populations les plus riches est à l’étude, l’inquiétude subsiste chez les sinistrés. Francesca Comencini raconte : “Quand Berlusconi a parlé de construire ces “villes nouvelles” sur les débris, je crois que les habitants ont voulu réagir de manière réfléchie et intelligente. Ces femmes modernes ont pour la plupart fait des études. Cette réaction qui succédait à la destruction d’une partie de leurs repères ne s’est pas faite par nostalgie. Elles ont surtout peur de voir leur espace à nouveau mutilé.”
Une préoccupation partagée par les pouvoirs politiques locaux ainsi que par l’écrivain Roberto Saviano. L’auteur de Gomorra s’est lui aussi rendu sur place pour recueillir les témoignages des victimes. Il en a profité pour confier à La Repubblica sa crainte de voir le projet de reconstruction et les aides financières captés par la Camorra. “Ce qui constitue une tragédie pour cette population pourrait devenir une source inépuisable de profits pour d’autres.”
Les courts métrages sont disponibles sur le site du quotidien italien, http://tv.repubblica.it/dossier
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