Le journalisme politique s’est trouvé un nouvel objet.
Il aura fallu attendre les déboires conjugaux de Sarkozy, les tiraillements sentimentaux de Hollande et surtout les moeurs libertines de Strauss-Kahn pour que le sexe occupe une place centrale dans la vie politique, réduite « aux acquêts » en dehors du mariage.
Si Giscard, Chirac ou Mitterrand n’étaient pas en reste – cf. Sexus politicus de Christophe Dubois et Christophe Deloire, publié en 2006 –, l’importance accordée à la chair des politiques surchauffés est devenue tellement obsessionnelle qu’elle parasite tout, y compris l’analyse de l’action publique elle-même. Au tabou longtemps respecté avec trop de sollicitude dans les médias – la politique s’arrête à la porte de la chambre à coucher… – a succédé l’hystérie de l’oeil inquisiteur. Cette inversion du regard a des effets collatéraux sur le journalisme.
Deux documentaires prochainement diffusés en forment le symptôme éclairant. Dans Le Clan Chirac, roman épique d’une famille au coeur du pouvoir, Pierre Hurel révèle, outre les blessures intimes de l’ancien Président, une importante liaison extraconjugale. Dans son enquête Sexe, business et politique – L’arme secrète, Vanina Kanban en rajoute une grosse couche, témoignages clés à l’appui, sur les appétits sexuels de DSK dans le cadre de l’affaire du Carlton…
Par-delà la fascination voyeuriste un peu glauque que ces enquêtes suscitent, ce cirque souligne surtout un changement de paradigme : les politiques sont désormais sous contrôle des médias qui sondent leurs appétits sexuels secrets. Oscillant entre un possible progrès démocratique et une vraie régression journalistique, cette tendance n’assure en rien que le journalisme politique se grandira à observer son « objet » (sexuel) par le « petit bout », comme dirait Taubira, de la lorgnette…
Jean-Marie Durand
Le Clan Chirac mardi 26 février, 20 h 45, France 2 Sexe, business et politique – L’arme secrète lundi 4 mars, 20 h 55, Canal+