L’ancienne ministre de François Hollande est soupçonnée d’avoir développé son entreprise grâce aux liens noués avec un acteur du web sud-coréen lors de son passage au gouvernement.
Fleur Pellerin est soupçonnée de prise illégale d’intérêts. La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) estime que l’ancienne ministre a utilisé des relations rencontrées alors qu’elle était au gouverment depuis qu’elle s’est reconvertie dans le privé.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Plusieurs millions d’euros
Depuis son départ du ministère de la Culture en 2016, Fleur Pellerin a lancé, avec l’avis favorable (tout en émettant des réserves) de la HATVP, un fonds d’investissement baptisé Korelya Capital. Les soupçons de la Haute Autorité se portent plus précisément sur les liens qu’entretient Mme Pellerin avec l’entreprise Naver Corporation, un géant du web sud-coréen. Un événement précis se trouve dans le viseur : lors d’une visite en Corée du Sud en octobre 2015, alors ministre de la Culture, elle avait « évoqué » avec Naver « un projet de partenariat en vue de la diffusion (…) des événements de l’année France-Corée [2015-2016] ». En septembre 2016, elle a effectué une levée de fonds de plusieurs millions d’euros auprès de ce groupe sud-coréen.
D’après Le Monde, le Parquet national financier (PNF) a été « récemment » saisi par la HATVP, afin qu’il enquête sur le sujet. Le Journal Officiel du 19 décembre fait état d’un « rapport spécial » visant l’ancienne ministre. C’est la première fois que la HATVP signale à la justice une possible situation de prise illégale d’intérêts dans le cadre de son contrôle du « pantouflage » d’anciens responsables publics, rappelle le quotidien.
Elle n’a pas tenu compte des réserves de la HATVP
Concrètement la HATVP reproche à Mme Pellerin de n’avoir pas tenu compte des réserves qu’elle a émises dès l’été 2016, au moment de la création du fonds Korelya Capital. Surtout, elle lui reproche d’avoir entretenu une relation d’affaires. Quelques semaines après la création du fonds, son émanation pour les entreprises innovantes appelés K-Fund I a réussi à collecter 200 millions d’euros selon Le Monde, même si la presse économique, à l’époque, ne fait mention que de 100 millions d’euros.
Sollicité par Le Monde, Fleur Pellerin explique que la convention de partenariat avec Naver est « le fruit exclusif des discussions engagées entre Naver Corp et les services culturels de l’ambassade, bien avant [sa] visite en Corée du Sud et celle du président de la République » et que ces discussions « se seraient poursuivies quand bien même aucune lettre d’intention n’aurait été signée ».
La prise illégale d’intérêts – qui désigne le fait, pour un responsable public, de prendre un intérêt direct ou indirect dans une entreprise ou une opération qu’il a surveillée ou gérée – est un délit pénal passible de cinq ans de prison et d’une amende de 500 000 euros.
{"type":"Banniere-Basse"}