L’ONG Oxfam toujours dans la tourmente de scandales sexuels. Dans un rapport confidentiel publié par l’organisation, l’ancien directeur d’Oxfam en Haïti, Roland Van Hauwermeiren, admet avoir payé des prostituées. Des faits qu’il nie pourtant aujourd’hui.
Depuis une dizaine de jours, l’ONG Oxfam se retrouve au centre de scandales sexuels. L’ancien directeur d’Oxfam Haïti, Roland Van Hauwermeiren est accusé d’avoir eu des relations sexuelles avec de jeunes prostituées lors de sa mission en Haïti, après le séisme qui a dévasté le pays en 2010. A la suite de ces allégations, le Belge de 68 ans ainsi que deux autres responsables de l’organisation avaient dû démissionner en 2011.
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Un rapport confidentiel datant de 2011 a été publié par Oxfam le 19 février, concernant notamment Roland Van Hauwermeiren. C’est la première fois que l’ONG s’exprime publiquement à ce sujet. Le document mentionne que l’ancien directeur avait reconnu avoir eu des rapports tarifés avec des prostitués dans des locaux financés par l’organisation.
Le rapport interne stipule également que l’ONG a proposé à l’ancien directeur en Haïti un « départ digne, à condition qu’il coopère pleinement avec le reste de l’enquête » et conclut « qu’aucune des allégations initiales de fraude, népotisme ou recours à des prostituées mineures n’avait pu être étayée par l’enquête » mais qu’il ne « pouvait être exclu », cependant, que l’une au moins des prostituées fût mineure. L’intégralité du rapport a été remis au gouvernement Haïtien, qui souhaite mener sa propre enquête.
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“Personne n’est parfait”
Pourtant, le Belge affirme dans une interview accordée à VTM le 15 février, avoir démissionné parce qu’il n’avait pas exercé un contrôle suffisant sur des employés accusés d’avoir fait appel à des prostitués et non parce que lui-même ait fait usage de ces services. Il reconnait cependant avoir eu une brève liaison et des “contacts intimes” avec une Haïtienne à son domicile, mais assure qu’il ne s’agissait pas d’une prostituée. Celui-ci admet qu’il aurait du être “plus intelligent” et arrêter cette relation en connaissant les rumeurs qui circulaient à son sujet. “Personne n’est parfait” estime-t-il. Contacté par le journal flamand Het Nieuwsblad le 15 février dernier, celui-ci déclare également : “Sachez que beaucoup de gens – aussi dans les médias internationaux – rougiront en entendant ma version des faits.”
L’ancienne prostituée Haïtienne, préférant rester anonyme, s’est confiée au Daily Mail. C’est en 2010 qu’elle rencontre Roland Van Hauwermeiren dans les rues d’Haïti. Elle raconte qu’elle n’avait « pas les moyens de dire non », parce qu’elle avait « besoin d’argent pour nourrir son enfant”. Pendant six mois, deux fois par semaine, elle déclare avoir été payé de 79 à 158 euros par rapport sexuel. Celle-ci affirme : « Il a abusé de la situation et de ma personne. J’ai le sentiment qu’il m’a exploitée. Il aurait simplement pu m’aider sans me payer pour avoir des relations sexuelles. Quand je pense à lui maintenant, je me rends compte que c’était un homme malade”. Elle atteste que lors des premiers rapports, elle n’avait que seize ans.
Une publication par soucis de « transparence »
La publication de ce rapport fait suite à l’article du Times, qui a révélé cette affaire le 9 février dernier. L’article accuse Oxfam d’avoir tenté d’étouffer le scandale. L’organisation décide alors de rendre public ce rapport afin d’être « aussi transparent que possible sur les décisions que nous avons prises » et reconnaît que son silence a provoqué une « rupture de confiance ». Un scandale qui a mené à la démission de la directrice générale adjointe de l’ONG, Penny Lawrence, le 12 février 2018. “En tant que directrice des programmes à l’époque, j’ai honte que cela soit arrivé sous ma direction et j’en prends l’entière responsabilité” déclare-t-elle.
Oxfam a dévoilé vendredi dernier son plan d’action pour s’attaquer aux problèmes d’harcèlement sexuel. L’organisation annonce entre autre la création d’une commission qui tâchera de mener des entretiens afin d’identifier les abus. Celle-ci va également tripler le financement des programmes de protection, doubler le personnel lié à ces programmes et augmenter l’investissement dans les formations sur les questions de genre.
Caroline Thompson, la nouvelle présidente du conseil d’administration d’Oxfam a soutenu dans un communiqué que Oxfam a « maintenant une culture d’ouverture et de transparence, et nous tirons pleinement les leçons des événements de 2011 ».
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