Faudrait-il qu’elle s’installe dans un pré pour que la télé engrange les succès d’audience, comme mille fleurs s’épanouissant dans un désert affectif ambiant ? Le carton de l’été télévisuel, outre les JO de Londres, a eu lieu dans ces pâturages où des paysans rongent leur frein et rangent leur foin, seuls, sans famille, telles des […]
Faudrait-il qu’elle s’installe dans un pré pour que la télé engrange les succès d’audience, comme mille fleurs s’épanouissant dans un désert affectif ambiant ? Le carton de l’été télévisuel, outre les JO de Londres, a eu lieu dans ces pâturages où des paysans rongent leur frein et rangent leur foin, seuls, sans famille, telles des cibles idéales pour des caméras promptes à mettre en scène les désordres amoureux de gars du terroir perdus dans les champs où les belles ne courent plus.
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Le plébiscite des téléspectateurs pour la saison 7 de L’amour est dans le pré, sur M6 – plus de six millions tous les lundis -, est le symptôme de cet étrange pouvoir que la télé exerce sur des publics chauffés par le speed-dating, comme si elle pouvait, par la magie du spectacle « pyromédiatique », sauver les solitaires de leur détresse affective et des étables affectées.
Les raisons justifiant le succès de ce feuilleton, dont M6 a perfectionné les codes d’année en année, sont connues : le sens du casting, avec des profils typés pour chaque candidat ; la vision de la campagne française resplendissante sur des musiques pop déchirantes (James Blunt, Coldplay…); quelques règles scénaristiques incontournables, comme celles des disputes ; le charme mielleux de la présentatrice Karine Le Marchand, les live tweets hystériques…
Habilement construit sur cette imbrication entre le retour en grâce d’une certaine idée de la campagne française et une vaine idée des amours imaginaires, L’amour est dans le pré déploie une mécanique fondée sur un trompe-l’oeil : la promesse de son authenticité (vraies gens, vraies fermes, vraies solitudes) ne peut cacher l’existence de ses artifices de mise en scène et de montage. Le pré forme d’abord le décor de l’amour du jeu.
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