Les sculptures hyperréalistes de Duane Hanson viennent hanter le pavillon Paul Delouvrier du Parc de la Villette.
Baskets crasseuses, robes trouées et varices courant le long des jambes, les personnages de Duane Hanson sont aux antipodes du glamour outre-Atlantique. Dans une exposition consacrée au célèbre sculpteur décédé en 1996 en Floride, le Pavillon Paul Delouvrier du Parc de la Villette présente quelques-unes des pièces maîtresses de l’artiste.
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Il y dépeint le rêve américain à sa façon. Ouvriers, surfer, femme de ménage, touristes, vendeuse à la sauvette, entre humanisme et hyperréalisme tous les stéréotypes de la classe moyenne des années 70 à 90 y sont représentés.
Avec ses regards absents, ses épaules tombantes et sa lassitude, la « tribu » de Duane Hanson ne vieillit pas avec le temps. Elle est enfermée dans une solitude intemporelle. Figée dans une sorte de vide et d’ennui, elle semble avoir oublié l’essence même de l’American Dream, cette idée selon laquelle n’importe quelle personne vivant aux Etats-Unis peut devenir prospère grâce à son travail, à son courage ou à sa détermination. Camouflés sous des uniformes siglés Everlast, Fila, une canette de Coca-Cola à la main, les personnages de l’artiste participent à la culture de masse mais sont bien loin de toute ascension sociale.
Le reflet de notre société
Duane Hanson ne fait pas dans les paillettes ou dans la luxure. Son but est de rendre visibles les invisibles, ceux que l’on croise et que l’on ne remarque même plus. D’ailleurs, il le dit lui-même : « Mes images ne sont pas plus que ce que vous voyez dans la vie réelle. Le monde est tellement remarquable, inouï, surprenant, qu’il n’est nul besoin de forcer le trait. Ce qui existe autour de nous est simplement confondant. »
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Confondant de réalité et troublant de vérité, sans doute, car la ressemblance est trompeuse. En tendant un miroir à la société, l’artiste américain créé l’illusion parfaite. Dans le Pavillon Delouvrier, les spectateurs n’arrivent plus à faire la distinction entre le old couple on a bench (1994) et un véritable couple de personnes âgées tranquillement assis sur un banc. Les gens s’excusent et s’amusent du quiproquo. En brisant les frontières entre le réel et l’artifice, Duane Hanson démontre que nous faisons tous partie à un moment ou à un autre de son Wax museum.
Pavillon Paul Delouvrier, parc de la Villette, Paris XIXe – jusqu’au 15 août – entrée libre.
Photo : Duane Hanson, Man on Mower, et Old Couple on a Bench, Collection Hanson, Davie, Floride Photo IKA © ADAGP, Paris 2010 – Courtesy of the Institut für Kulturaustausch, Tübingen
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