L’Afghanistan est devenu un champion de la corruption : une aubaine pour les Talibans, qui profitent de la colère de la population pour préparer leur retour. Enquête dans un pays coupé en deux, par Paul Moreira, ce soir à 22 h 45 sur Canal +.
Chassés du pouvoir en 2001, les Talibans refont surface en Afghanistan à la faveur du chaos issu de la reconstruction et de la colère d’une population méprisée par un Etat qui ne remplit pas ses missions. Le retour apparent à la démocratie n’a eu que très peu d’effets positifs pour les Afghans ordinaires, toujours victimes d’une violence encore bien réelle.
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C’est ce décalage paradoxal entre un cadre politique libérateur et une réalité sociale désenchantée qu’interroge Paul Moreira dans une brillante enquête. A le suivre dans Kaboul et sa banlieue, on découvre un pays en chantier, dont les façades parfois rutilantes cachent la corruption. L’aide internationale (4 milliards par an), fièrement annoncée par les gouvernements occidentaux (Etats-Unis en tête, mais aussi la France qui, par la voix de Kouchner, a promis un doublement de l’aide lors de la conférence du 12 juin 2008) semble massive.
Pourtant, écoles et hôpitaux sont encore en ruines. Les pays donateurs ont beau promettre des constructions d’écoles et de collèges, bien souvent, ce ne sont que des panneaux annonçant les travaux qui sont inaugurés… Scandale supplémentaire : la caste au pouvoir confisque des terrains pour y bâtir des palais luxueux. A Kaboul, ces mausolées de marbre poussent comme des champignons dans des zones enclavées devenues le modèle d’une ségrégation urbaine directement liée à l’économie de la guerre.
L’Afghanistan attire en effet des centaines d’investisseurs de guerre qui veulent “profiter de l’opulence qui frémit dans le pays”. Grâce à l’aide internationale détournée à leur profit, mais aussi aux milliards gagnés avec le trafic de drogue, ces nouveaux riches abusent de leurs privilèges. Membres du gouvernement, sénateurs, hommes d’affaires, responsables de nombreuses ONG malhonnêtes et voleurs avérés : contre cette nébuleuse de profiteurs du chaos, quelques Afghans se battent. Tel ce député courageux, Ramazan Bashardost, que Moreira a rencontré. Pour lui, le pays est soumis à des règles très sophistiquées de détournement de l’argent public, de sous-traitance en cascade qui aboutissent, dans le domaine du bâtiment notamment, à des drames (mauvaise qualité des matériaux, immeubles et hôpitaux insalubres…).
L’une des personnalités clés de ce dispositif opaque de corruption se trouve être le maréchal Fahim, ancien bras droit de Massoud, le chef de guerre du Panshir vénéré et assassiné en 2001, qui doit se retourner dans sa tombe. Avec ces dérives antidémocratiques, ces trahisons et ces escroqueries répétées, c’est aussi le rêve d’un Afghanistan pacifié qui s’évanouit. Sur les cendres de la guerre, sur les poussières des palais dorés et des 4 x 4 de Kaboul, sur les murs effondrés des écoles, les Talibans orchestrent leur retour. Aujourd’hui, même le pire semble une solution pour les Afghans…
Afghanistan, sur la piste des dollars Documentaire de Paul Moreira. Vendredi 24 avril 2009 à 22 h 45 sur Canal+
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