Dans un entretien accordé au journal Le Monde, le leader de la France Insoumise constate une crise de l’exécutif similaire à celle du Watergate. Il dénonce une paralysie des institutions et une complicité au plus haut sommet de l’Etat
Jean-Luc Mélenchon n’a jamais eu peur des mots. On peut en tenir pour preuve cette interview donnée au journal Le Monde ce samedi 21 juillet au sujet de l’affaire Benalla, du nom du collaborateur d’Emmanuel Macron filmé en train de frapper un manifestant le 1er mai, que le patron de la France Insoumise situe au ‘’niveau du Watergate’’, scandale d’espionnage politique ayant provoqué la démission du président des Etats-Unis Richard Nixon, en 1974.
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Avec la gravité qu’on connaît de Jean-Luc Mélenchon, celui-ci estime qu’une ‘’crise politique est ouverte’’, dénonçant une paralysie de l’Assemblée et de la police face à cette situation pour le moins embarrassante. Pour lui, l’Etat aurait manqué à un impératif vital, celui affirmant que les ‘’les fonctionnaires servent et obéissent, mais c’est le politique qui est le responsable’’.
Le politique, justement, est incarné par le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, ‘’déjà disqualifié. Il a menti et beaucoup ! Plus aucun policier ne peut croire sa parole ’’, analyse Jean-Luc Mélenchon prédisant la démission prochaine du premier flic de France. Ce dernier ne devrait pas partager son avis. S’expliquant devant la commission des lois de l’Assemblée ce matin, Gérard Collombe estime que ce n’était pas à lui de saisir la justice affirmant avoir considéré que »les faits signalés étaient pris en compte au niveau adapté’‘, comme le relate nos confrères de l’Obs. Le leader de la France insoumise attaque également Emmanuel Macron, un président dont le management serait plus proche du monde de l’entreprise que celui des institutions. ‘’Il a réagi comme si l’Etat était une entreprise : il met à pied trois chefs de rayon et pense que tout est réglé. Il se trompe’’.
La tourmente des »hommes du président »
Sur l’existence d’un cabinet de sécurité officieux, Jean-Luc Mélenchon tranche :’’A l’évidence, il y en a un’’, pointant du doigt aux côtés d’Alexandre Benalla, sur les images de manifestations impliquant le collaborateur de l’Elysée, l’homme qui les aurait invités à quitter la marche rendue en hommage à Mireille Knol le 28 mars dernier, femme juive de 85 ans victime d’un meurtre antisémite. La comparaison au Watergate serait ainsi légitime pour le député des Bouches-du-Rhône :
‘’L’un enregistrait des opposants dans son bureau, celui-ci s’organise une milice personnelle. Ce n’est pas rien ! Nous sommes en République ! Il faudrait quand même se le rappeler. Si on ne réagit pas, c’est la porte ouverte à une forme de barbarie où chaque responsable qui exerce un pouvoir serait autorisé à l’exercer sans limite.’’
Plus précisément, la milice personnelle évoquée par le tribun fait référence à un projet de réorganisation de la protection du président de la République.
Le patron de la France Insoumise demande notamment que soient rendues publiques les auditions de la commission d’enquête lancée jeudi dernier, et demande une explication officielle du président de la République. C’est partiellement le cas. Ce dimanche lors d’une réunion de crise à l’Elysée, Emmanuel Macron qualifiait, enfin, les faits reprochés à Alexandre Benalla d’ ‘’inacceptables’’, rappelant que »nul n’est au-dessus des lois ».
J'ai besoin de savoir pourquoi le président de la République et le Premier ministre se cachent. #JLM20HBFM #AffaireBenallaMacron
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) July 22, 2018
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