Il a été l’élément déclencheur de la guerre civile syrienne. Le 16 février 2011, en plein “printemps arabe”, un ado de 14 ans écrit sur un mur de Deraa, dans le sud-ouest de la Syrie : “Vous êtes le prochain sur la liste, docteur Bachar El-Assad.” Cinq ans plus tard et au terme d’une enquête […]
Il a été l’élément déclencheur de la guerre civile syrienne. Le 16 février 2011, en plein « printemps arabe », un ado de 14 ans écrit sur un mur de Deraa, dans le sud-ouest de la Syrie : “Vous êtes le prochain sur la liste, docteur Bachar El-Assad.” Cinq ans plus tard et au terme d’une enquête de plus de six mois, le journaliste Mark MacKinnon, grand reporter au Globe and Mail, a retrouvé cet ado qui a déclenché la révolution syrienne.
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« Je voulais juste rentrer chez moi et voir ma mère »
Des geôles syriennes à un McDo de Vienne, en Autriche, le jeune homme, qui se confie pour la première fois à un média, raconte ses cinq ans de vie depuis le tag qui a tout déclenché, entre espoirs et désillusions. »C’était stupide, dit aujourd’hui Naief Abazid, à propos du tag anti-Bachar. J’ai réalisé que c’était sérieux seulement quand je suis arrivé en prison. » « Il fait juste ce que lui disent de faire les plus grands, il essaye de les faire rire« , écrit le Globe and Mail. Arrêté avec vingt-deux autres jeunes par les autorités, ils sont torturés pendant des semaines. C’est un déclic pour les habitants de Deraa. Malgré la peur du régime, une révolte éclate dans la ville et s’étend rapidement à Damas.
Lors qu’il est libéré, le 20 mars 2011, Naief est accueilli comme un héros. Lui ne comprend pas : « Je voulais juste rentrer chez moi et voir ma mère« . Pendant un an, Naief Abazid reste à Deraa. Il ne prend pas les armes et continue à taguer. Mais quand il se fait tirer dessus par un soldat des forces gouvernementales, le jeune homme est évacué le lendemain dans un hôpital en Jordanie. Rejoins par ses proches, Naief passe deux ans « sans espoir » en Jordanie, avant de rentrer à Deraa.
« Je ne m’attendais pas à voir ce que j’ai vu, confie le jeune Syrien à Mark MacKinnon. J’avais vu des vidéos sur YouTube mais je n’y étais quand même pas préparé. Tout était détruit, à terre. »
De Deraa à Vienne
En septembre 2015, Naief prend la route des Balkans avec son frère et son cousin. Turquie, Grèce, Serbie… Arrêté en Hongrie, il est mis dans un train pour Vienne. Le jeune homme décide de s’arrêter dans la capitale autrichienne, voyant l’accueil souriant réservé par des volontaires. « Ça nous semblait magnifique, et sûr« , se souvient Naief. Aujourd’hui, le Syrien évoque des difficultés d’adaptation, toujours d’actualité un an après son arrivée. Sans travail, sans amour, il admet se sentir « moins à l’aise » depuis quelques mois dans son pays d’adoption. Quant à son tag, Naief Abazid est aujourd’hui partagé :
« D’un côté, je le regrette, à cause de tous ces gens qui ont été tués et envoyés en prison, et de tous ces gens devenus sans-abri ou réfugiés. Mais d’un autre côté, c’était la volonté de Dieu, et j’en suis fier. Quelque chose devait arriver en Syrie. Quelque chose devait changer.«
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