« L’adieu à Solférino », revient sur cinq années de débâcles du président socialiste et de son parti. Très largement documenté, il prend garde à ne se borner qu’aux couacs politiques, laissant de côté les crises « vaudevillesques » vécues par François Hollande.
Septembre 2018, le Parti socialiste, endetté après une présidentielle catastrophique en 2017 et une législatives qui l’a été tout autant – son groupe parlementaire fondant de 295 membres et apparentés en 2012 à 29 députés en 2017 – est contraint de quitter son siège historique, au cœur de Paris. Prenant cet « adieu à Solférino » comme point de départ, le réalisateur Cyril Leuthy et le journaliste Grégoire Biseau, ont tenté de détricoter le fil emmêlé du PS durant le quinquennat de François Hollande. Cinq années qui virent le parti de la gauche se diviser sur fond de crise d’identité, crise social et crise économique aboutissant sur l’expression cinglante de ces « deux gauches irréconciliables », prononcée par Manuel Valls.
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Ce film de 90 minutes, ne vaut pas pour les révélations qu’il comporte (il y en a peu) mais par la méticulosité de la démarche. On retrouve ainsi les témoignages de nombreux acteurs de la période 2012 – 2017 : François Hollande, Arnaud Montebourg, Jean-Marc Ayrault, Christiane Taubira, Jean-Christophe Cambadélis ou encore Myriam El Khomri ont tous accepté de répondre. Des témoins-clés des scissions au sein du gouvernement de François Hollande.
Une euphorie de courte durée
L’euphorie de la victoire de mai 2012, face à Nicolas Sarkozy, sera de courte durée pour le second président socialiste de la Ve République, après François Mitterrand. Dès l’été 2012, un premier conflit l’oppose à son ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique Arnaud Montebourg, sur le sujet ArcelorMittal. Lors de la campagne, les images du candidat Hollande sur la camionnette des ouvriers de Florange marquent les esprits.
« La question s’est très vite posée de savoir ce qu’on allait dire à Mittal, qui refusait de venir me voir, lorsqu’il irait voir François Hollande. Je n’ai pas pu participer à ces rencontres, explique Arnaud Montebourg, très en colère. Mais il y en a un qui m’a raconté, il s’appelle Emmanuel Macron. Et il m’a dit une chose : ‘le chef a baissé son bénard' ». Ambiance. La fermeture des deux derniers hauts-fourneaux lorrains, avait donné lieu à l’un des plus gros conflits sociaux du début du XXIe siècle, rappelle Les Echos.
De démissions en démissions
D’autres couacs suivront : le CICE en novembre 2012, suivi du Pacte de responsabilité. Puis une année 2014 cataclysmique entre la débâcle des municipales en mars et la cuvée du Redressement envoyée par M. Montebourg au président, à la fin de l’été, qui entraîna son départ ainsi que celui de Benoît Hamon et d’Aurélie Fillippetti, et dans l’autre sens l’entrée au gouvernement d’Emmanuel Macron. C’est à cette époque que la fronde se cristallise au PS. Le pays se déchire alors publiquement sur chaque sujet. L’acmé intervient au lendemain des attentats du 13-Novembre avec la proposition de révision constitutionnelle introduisant la possibilité d’une déchéance de nationalité pour les binationaux accusés de terrorisme. « Je prends la décision de démissionner ce jour-là », cingle la garde des Sceaux Christiane Taubira.
Le film se refuse d’aborder les dossiers « vaudevillesques » du président (le livre de Valérie Trierweiler, la couverture du Closer ou le livre des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme). Il n’y en, avec le recul, même pas la nécessité tant l’impression qu’il ressort du film est l’isolement de François Hollande à l’Élysée. Aucune voix ne se lève pour défendre l’ancien président. Cette solitude, on la retrouve dans la façon même de le filmer de L’adieu à Solférino, grâce à une scénographie en clair-obscur et plongé, assez calamiteuse pour l’image de cet ancien homme d’État.
Alors que le PS, désormais dirigé par Olivier Faure a entrepris, au début de l’année 2019, l’inventaire de la période 2017 – 2012, le film de MM. Biseau et Leuthy apporte la matière nécessaire à nourrir la réflexion de chacun sur ce qui apparaît comme un beau gâchis. « On a senti qu’il y avait une envie de réfléchir sur ce qui s’est passé, une envie de prendre la parole », expliquent-ils. Mais nous avons reçu aussi quelques refus dont ceux de Manuel Valls ou de Benoît Hamon, qui ne souhaitaient pas s’exprimer sur le PS puisqu’ils avaient tourné la page ».
L’adieu à Solférino, réalisé par Grégoire Biseau (rédacteur en chef du M, le magazine du Monde) et Cyril Leuthy. Produit par TS Production, avec la participation de Public Sénat. Diffusion le samedi 16 février à 21 heures sur Public Sénat.
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