Les smartphones se sont rapidement greffés à notre quotidien, au point d’en faire désormais partie intégrante. Notamment grâce aux notifications, de plus en plus présentes, qui créent parfois une véritable dépendance numérique.
C’est l’une des armes principales des fabricants pour vous rendre littéralement accro à votre smartphone : les notifications. Ces petites bulles souvent rouges, avec un irrésistible nombre à l’intérieur, pullulent sur les écrans. De plus en plus envahissantes, elles nourrissent pleinement la relation malsaine que nous nouons désormais avec notre téléphone mobile.
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« Usage problématique »
Messages, alertes, mails, ou encore mises à jour… difficile de s’y retrouver avec autant de fonctions. Les notifications se sont développées à grande vitesse, et embrassent maintenant un usage multiple. « Lire ses mails, se tenir informé, faire ses courses, sont des habitudes qui appartiennent au quotidien des êtres humains du XXIe siècle », explique l’addictologue Nicolas Bonnet aux Inrocks, qui précise que « les données scientifiques actuelles ne parlent pas de dépendance pour les NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, ndlr), mais d’un usage problématique ».
Et ce n’est pas pour rien qu’elles inondent les smartphones. Ces petits points rouges incitent à rester sur son mobile, jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus un seul. Une tâche plus compliquée qu’il n’y paraît, au vu de leur fréquence. D’autant plus que la classification des priorités sur le téléphone s’avère de plus en plus laborieuse pour l’utilisateur.
Cet « usage problématique » découle principalement du contexte professionnel, selon Nicolas Bonnet. « L’attente des notifications est à mettre davantage en lien avec les nouvelles conditions d’exercice professionnel où tout devient prioritaire et nécessite une réponse immédiate. L’intolérance à la frustration qui en découle n’est qu’une conséquence de cette incapacité à hiérarchiser les demandes », développe l’addictologue.
Symptôme de la société de consommation
Les notifications invitent constamment l’utilisateur à consulter son smartphone. Et une fois que celui-ci se saisit de son téléphone et entre dans une application, il est fréquemment attiré par d’autres contenus, et passe beaucoup plus de temps que prévu sur son mobile. Le symptôme d’une société de consommation massive.
Ces procédés se sont démocratisés depuis une vingtaine d’années grâce à des marques comme Apple et Blackberry, qui ont peu à peu réussi à imposer ce modèle comme une référence au cours des années 2000. Or, cette technologie n’est pas sans conséquences : « frustration, burn-out, sentiment d’inefficacité, de perte de contrôle, peur… » peuvent être autant d’issues possibles à une addiction aux notifications.
« Des chartes du droit à la déconnexion » pour combattre la dépendance
Pour éviter d’en arriver là, plusieurs solutions existent. « Il est important dès le plus jeune âge d’apprendre à gérer ses émotions, à les comprendre, à identifier leurs fonctions, à ne pas réagir dans l’urgence, à faire preuve de critique et de mise en perspective. Cela passe par le développement des compétences psychosociales, par la gestion du stress, par la réflexion… », avance Nicolas Bonnet. « De nombreuses entreprises adoptent d’ores et déjà des chartes du droit à la déconnexion, visant à limiter l’intrusion dans la vie privée des NTIC professionnelles. »
Une meilleure hiérarchisation des notifications pourrait également être bénéfique aux utilisateurs, en évitant ces diverses dérives. Pour l’addictologue, il faut « réfléchir collectivement avec l’ensemble des acteurs à des notifications moins intrusives, affichant leur niveau de priorité. Apprendre à vivre avec, savoir mieux les apprivoiser et en favoriser une utilisation critique », conclut-il. Histoire d’en finir avec ses petits points rouges qui rendent maniaques.
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