Les cabines de bronzage devraient être interdites en France. Cette réclamation de l’Académie de médecine, qui met en lumière les risques importants de cancers de la peau, pourrait causer la perte de 22 000 emplois.
Ce matin, l’Académie de médecine a réclamé aux pouvoirs publics l’interdiction totale des cabines de bronzage en France. Déjà interdites au Brésil (en 2009) et en Australie (le 1er janvier 2015), elles causeraient un nombre bien trop élevé de risques de cancers de la peau, selon les experts scientifiques. « Depuis 2003, nous alertons les pouvoirs publics et mettons en garde la population française sur les risques liés à l’exposition aux UV artificiels (UVA) » a alerté l’Académie dans un communiqué.
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Actuellement, le syndicat national des professionnels du bronzage recense près de 30 000 cabines de bronzage en France. Quelles seraient les conséquences de leur fermeture pour les clients et les employés ?
Les méfaits des cabines : mélanomes mortels
Ce n’est pas la première fois que l’affaire fait parler d’elle. En fin d’année dernière, le syndicat des dermatologues (SNDC) et l’association « 60 millions de consommateurs » avaient eux aussi appelé les pouvoirs publics à tenir compte des graves dangers représentés par les cabines UV.
Les risques soulevés par « 60 millions de consommateurs » étaient nombreux : le manque d’informations donnés aux clients concernant les risques, l’exposition des femmes enceintes aux UV, les prix dangereusement attractifs (5 euros la séance), les risques de mélanomes (type de cancer de la peau le plus grave) et, enfin, des statistiques inquiétantes qui, tablées sur les chiffres de l’Institut de veille sanitaire, évoquent 500 à 2000 décès dans les trente prochaines années, imputables aux cabines de bronzage.
La réglementation, renforcée fin 2013 et fin 2014, n’a pas engendré d’évolution ces dernières années, comme le confirme une employée de l’Académie de médecine.
« La réglementation a effectivement été changée, par exemple en insistant sur l’interdiction aux mineurs. Mais le problème reste le même : cette réglementation n’est pas du tout contrôlée, et par conséquent, pas appliquée. »
Environ 22 000 salariés menacés
Selon les chiffres du syndicat (SNPBC), 22 000 salariés au total font tourner directement les milliers d’entreprises françaises du bronzage en cabine, tandis que 5 000 utilisateurs s’y rendent régulièrement.
« Un mélanome coûte beaucoup plus cher à la collectivité territoriale qu’un emploi !, nous rappelle, en off, une chargée de communication de l’Académie de médecine. « Nous réclamons cette interdiction depuis 2003. Le Sénat a également fait la demande, restée sans réponse. Il y a un énorme lobby des cabines de bronzage, exactement comme pour le tabac ».
Une enquête interne du SNPBC a établi le profil moyen du client de ce bronzage artificiel : âgé de 31 ans en moyenne, l’utilisateur est une femme dans 75 % des cas, et se rend dans les centres de bronzage 7 fois par an. Par ailleurs, 14 % de la population déclare avoir déjà utilisé au moins une fois un appareil de bronzage.
Pour l’instant, le gouvernement n’a pas répondu à la demande de l’Académie de médecine.
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