Merlin, qui défend les droits des labels indés, accuse Myspace de diffuser des morceaux sans autorisation. Explications avec Charles Caldas, PDG du groupe.
(Re)lancé la semaine dernière, le Myspace promu par Justin Timberlake et qui se veut le faire-valoir des artistes, des plus grands aux plus petits, traverse un premier scandale. Le groupe Merlin, qui défend les droits des labels indépendants et négocie des contrats sur le Web pour certains d’entre eux, assure que le réseau social tout beau tout propre diffuse des morceaux en streaming sans l’autorisation de la centaine de labels indépendants concernés, parmi lesquels les trois gros : Domino, Merge et Beggars Group (qui regroupe 4AD, XL Recordings, Matador et Rough Trade).
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En clair, après inscription, le nouveau Myspace propose (comme l’ancien) de rechercher des artistes. Parmi les résultats proposés figurent souvent des morceaux disponibles en écoute. Le problème : les morceaux d’Arcade Fire, de The XX, d’Arctic Monkeys, de Bad Religion, pour ne citer qu’eux, se sont retrouvés sur le site sans autorisation, violant les lois sur le copyright.
« Nous sommes déçus qu’un service comme celui-ci puisse être si arrogant »
Joint par téléphone, le PDG de Merlin, Charles Caldas, est sacrément remonté contre le réseau social. Il explique que son contrat avec Myspace a expiré il y a un an et que l’entreprise n’a pas souhaité le renouveler. Quelle n’a donc pas été sa surprise lorsqu’il a découvert que les morceaux d’artistes de labels qu’il représente étaient toujours diffusés sur le site. « Nous sommes extrêmement déçus que de nos jours, un service comme celui-ci puisse être si arrogant« , lâche-t-il.
Interviewée par The New York Times, la porte-parole de Myspace, Neda Azarfar, affirme que les morceaux concernés ont forcément été uploadés sur le site par des utilisateurs pas très regardant sur la notion de copyright et suggère qu’ils soient retirés sur demande des labels.
Un argumentaire qui ne convainc pas Charles Caldas, qui rétorque :
« Si vous dirigez une entreprise basée sur l’exploitation musicale et donc sur les licences, vous ne pouvez pas faire preuve d’ignorance. L’ignorance n’est pas une excuse pour le piratage. C’est leur responsabilité que de faire attention et de contrôler ce qui se trouve sur leur site. Dans le cas contraire, ils font juste la même chose que Grooveshark. Myspace doit décider s’il veut être un Grooveshark ou un réseau pour les artistes. Je veux savoir comment Justin Timberlake, qui en est un des investisseurs, justifie le fait qu’à l’endroit même où il se fait un bon paquet d’argent, des morceaux soient payés et d’autres non. »
Même s’il trouve l’entreprise Myspace « très intéressante », Charles Caldas reprochent à certaines plateformes d’être « montées par des gens qui ne comprennent pas à quoi ressemble l’industrie de la musique au XXIe siècle. Ils pensent que tant qu’ils ont les licences des majors, c’est bon. Mais les indépendants jouent un rôle de plus en plus important. » Il rappelle à ce propos qu’en 2008, la première version de Myspace Music avait passé des accords avec les majors uniquement, laissant les labels indépendants sur le bord de la route. Et de conclure : « Si un service commence à voler notre musique, nous nous défendons ! » Merlin envisage de mener une action en justice.
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