En s’attaquant au secret des sources des journalistes, le candidat des Républicains est en totale contradiction avec le nom que s’est choisi le parti qu’il est censé représenter.
François Fillon l’a dit chez Jean‑Jacques Bourdin, lundi matin, sur RMC et BFMTV conjointement. Il veut, à l’issue de cette présidentielle, “la transparence (…) pour tous ceux qui dans la presse se sont érigés en procureurs”. Comprenez : “Si par miracle je l’emporte, je m’attaquerais au secret des sources des journalistes.” Comprenez : “Je foulerais aux pieds l’un des piliers de notre démocratie.”
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François Fillon l’a mauvaise, et dans la droite ligne de la trumpisation de sa campagne, il a décidé de s’attaquer très frontalement à la presse. En mars déjà, Jean-François Mancel, député LR de l’Oise, l’un de ses soutiens, déposait une proposition de loi visant à attaquer directement le secret des sources.
“Dans la société contemporaine d’hypercommunication, le secret des sources des journalistes doit être adapté au respect des droits des personnes physiques et morales sans porter atteinte à la liberté d’expression”, nous dit-il dans le texte. Autrement dit, “quand ça nous arrangera, nous pourrons demander aux journalistes de se mettre à table”.
Comment s’asseoir sur les fondamentaux de notre république
Chez Bourdin, Fillon a enfoncé le clou rouillé. La transparence dont il parle, c’est aux autres qu’il décide de l’imposer. Une constante dans sa campagne, qui, au fur et à mesure que passent les jours, s’est transformée en course folle et radicale. Nous ne pouvons plus croire François Fillon, dans tous les sens du terme. Il aura, lors de cette présidentielle, affirmé tout et son contraire.
Mis en examen, il poursuit sa campagne les yeux vides et les muscles bandés alors qu’il avait pourtant affirmé le contraire : et là, ce n’est un secret pour personne. Elu sur des bases républicaines à la suite d’une primaire plutôt décente, il s’assoit désormais d’un coin de fesse sur certains fondamentaux, en faisant mine de nous regarder dans les yeux, en nous rudoyant tous autant que nous sommes.
Certains lui ont fait du mal, et il ne l’a pas oublié. Ce qu’oublie François Fillon, c’est qu’une campagne présidentielle est bien plus qu’une simple vendetta. On ne brigue pas la magistrature suprême pour aller coller des tartes une fois en poste.
Nous aurons assisté, tout au long de cette échéance 2017, à l’un des spectacles démocratiques les plus pathétiques que la Ve République ait connus. François Fillon, malheureusement pour lui, en aura été l’acteur principal. La démocratie, plus digne que lui, n’a pas à en payer le prix.
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