La guerre comme si vous y étiez. Il ne s’agit pas du nouveau volet de « Call of Duty », mais de la possibilité offerte de suivre en direct une opération militaire bel et bien réelle : celle de l’armée israélienne.
Depuis mercredi 14 novembre et le lancement d’un raid dans la bande de Gaza en réponse à des tirs de roquette ces derniers jours contre Israël (124 en trois jours selon les forces de défense), l’Etat hébreu propose de suivre le déroulé de sa contre offensive sur le compte Twitter du porte-parolat de son armée (@IDFspokesperson), ou via les hastags #Gaza, #Israel et #PillarOfDefense (Pilier de défense, nom donnée à l’opération).
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Une campagne de communication d’un nouveau genre pour un organisme de défense, visant d’abord à tenir informé les populations voisines de la zone de conflit et à jouer la carte de la transparence sur l’opération, comme en témoigne ce tweet envoyé mercredi vers 16h (heure de Paris) :
« Cette opération de l’armée a deux objectifs principaux : protéger les civils israéliens et paralyser les infrastructures terroristes dans la bande de #Gaza. »
Le live-tweet est intense. Depuis l’annonce de l’offensive sur Twitter mercredi à 15h29 (heure de Paris), ce sont 62 messages qui ont été postés sur ce compte Twitter en près de 22 heures. L’armée y tient le décompte des missiles envoyés en direction du territoire hébreu depuis Gaza en réplique à l’attaque israélienne (se félicitant au passage d’en intercepter la plupart), dresse l’inventaire des infrastructures « terroristes » détruites et a même partagé une photo d’une journaliste new-yorkaise réfugiée dans un bunker. Selon la communication officielle de l’armée, plus d’un million d’Israéliens auraient passés la nuit dans un abri renforcé.
Mercredi en fin d’après midi, une vidéo de l’attaque aérienne ayant provoqué la mort d’Ahmed Jaabari, le chef des opérations militaires du Hamas, est postée sur YouTube par l’armée israélienne, qui se fend même d’un deuxième message, « au cas où vous l’auriez loupé… ». Quelques heures plus tard, la vidéo est retirée : « son contenu ne respecte pas les conditions du site » peut-on désormais lire sur YouTube. Huit tweets plus tard, Tsahal revient une nouvelle fois sur l’élimination de Jabri à travers un message d’un goût douteux.
La réplique du Hamas ne se fait pas attendre. Via le compte Twitter des Brigades Ezzedine al-Qassam, sa branche armée, l’organisation considérée par Israël comme terroriste déclenche un tweet-clash d’une autre dimension. La guerre virtuelle est déclarée.
Communication ou propagande ? Cette transparence est en tout cas extrême. Car c’est la première fois qu’une opération militaire bien réelle est annoncée via les réseaux sociaux et que le monde entier peut en suivre le déroulé quasiment en direct.
L’armée israélienne en est d’ailleurs consciente. Le nombre d’abonnés à son compte Twitter a bondi depuis mardi dernier, passant d’environ 61 400 abonnés à près de 100 000 jeudi après-midi. Pour ceux qui ne comprennent pas les messages rédigés en anglais, des comptes Twitter en français (@Tsahal_IDF) et en espagnol (@FDIonline) se chargent de les traduire. Et assurent le service après-vente auprès des membres du site de micro-blogging en tentant de rectifier les informations qui y circulent.
Le 13 novembre, soit un jour avant le début de l’opération, l’armée israélienne postait ce message, rappelant que le conflit n’a rien d’un divertissement :
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