Six ans après la création du Bitcoin, personne ne sait qui est derrière la monnaie virtuelle. Depuis 2009, nombreux sont ceux qui sont partis à sa recherche. En vain.
La traque dure depuis plus de six ans et la proie est encore en liberté. Pire : si les personnes sur sa trace devaient organiser leurs recherches en épinglant sur un mur les photos des suspects, ils seraient bien embêtés. De Satoshi Nakamoto, on ne connait l’âge, ni le sexe, ni même le véritable nom.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Tout le monde cherche l’homme derrière la crypto-devise
Nakamoto est connu pour être l’inventeur de la monnaie virtuelle la plus populaire au monde : le Bitcoin. Et pourtant, personne ne sait vraiment qui est derrière ce patronyme. Nombreux sont les enquêteurs à avoir tenté de percer le mystère. A chaque fois, quelques indices concordent et semblent donner une identité à l’inventeur. A chaque fois cela se termine de la même manière, par un démenti.
Un exemple : en mars 2014, le magazine américain Newsweek annonce en couverture avoir trouvé l’homme « derrière la crypto-devise« . L’hebdo en est sûr, Satoshi Nakamoto est un japonais d’une soixantaine d’années vivant aux Etats-Unis depuis l’enfance. Recueillant les témoignages aussi bien de la famille du japonais que ceux des gens qui ont travaillé à l’élaboration du Bitcoin, le journaliste dresse un portrait cohérent. Plausible, même si à aucun moment Newsweek n’apporte de preuve irréfutable.
Une dizaine de jours après la publication de l’enquête, le Satoshi Nakamoto en question répond aux accusations : « Je n’ai pas créé, inventé ou travaillé de quelques manières sur le Bitcoin. »
Respecter l’anonymat
Le site internet Coindesk, spécialiste de la monnaie virtuelle dénombre presque une dizaine de tentatives d’enquêtes semblables. Pour certains, Nakamoto est un étudiant irlandais, pour d’autres il s’agit d’un petit groupe de développeurs. Ce qui est sûr c’est que personne n’a pu prouver sa théorie.
Le dernier en date à s’être lancé dans cette chasse au dahu cybernétique est un journaliste du New-York Times. Nathaniel Popper vient tout juste de publier aux Etats-Unis un livre sur l’histoire du Bitcoin. Son nom : The Tale of Bitcoin, ou en français, le Conte du Bitcoin.
« La plupart des personnes au sein de la communauté du Bitcoin m’ont dit respecter la volonté du créateur de garder l’anonymat et que du coup, ils n’avaient pas envie que le magicien soit démasqué. Mais même parmi eux, beaucoup ne peuvent résister à débattre sur les preuves que l’inventeur a laissé derrière lui. Alors que je m’entretenais avec les développeurs et les entrepreneurs les plus impliqués dans l’aventure du Bitcoin, je découvrais une croyance partagée par le plus grand nombre. Celle que les preuves les plus convaincantes pointaient le doigt vers un américain solitaire, d’origine hongroise, qui porte le nom de Nick Szabo. »
Remplacer le système financier actuel
Au début des années 1990, Nick Szabo était membre d’une mouvance d’activistes sur le web. Les Cypherpunks se présentaient comme un groupe proche des libertariens et parmi leurs missions, ils souhaitaient créer et mettre en place une devise virtuelle et anonyme. En 1998, alors que le mouvement s’essouffle, Nick Szabo et quelques autres réussissent tout de même à créer une monnaie virtuelle, le « bit gold« .
« Le concept derrière le bit gold ressemblait assez au fonctionnement de Bitcoin, explique le journaliste du New-York Times. De l’argent qui pouvait être échangé sans passer par une autorité centrale, comme une banque. »
Nathaniel Popper a exhumé un post du développeur datant de 2008, soit un an avant la création du Bitcoin. Dans ce texte, Nick Szabo relance l’idée d’une monnaie virtuelle. « Y en aurait-il parmi vous qui voudraient m’aider à la coder ? » demandait-il alors à ses lecteurs. En examinant le blog du supposé créateur du Bitcoin, le journaliste comprend ce qui aurait motivé Szabo. Alors que la crise économique se déploie, il juge que le système monétaire n’est plus viable et il s’agirait de le remplacer.
Encore un déménti
Evidemment, Nick Szabo a nié être l’homme derrière la monnaie virtuelle. « Toutes ces spéculations sont flatteuses, mais erronées – je ne suis pas Satoshi, » a-t-il répondu par mail au journaliste.
Pour comprendre le mystère qui entoure l’identité Satoshi Nakamoto, il faut savoir que l’inventeur du Bitcoin n’a laissé que peu d’éléments derrière lui : les mails qu’il a envoyés entre 2009 et 2011 aux divers développeurs qui l’ont aidé à finaliser sa monnaie ; son style de code un peu archaïque. Et chacune de ces pièces à conviction est analysée méticuleusement.
L’année dernière, des chercheurs américains ont comparé le style des mails de Satoshi Nakamoto avec celui de différents suspects. Leur conclusion : c’est l’écriture de Nick Szabo qui est la plus proche.
Pour autant, difficile d’affirmer que l’homme derrière bit gold est bien celui qui a créé Bitcoin en 2009 – et six ans après l’arrivée du Bitcoin rien n’indique que l’identité du créateur sera connue un jour.
{"type":"Banniere-Basse"}