La mode africaine n’a jamais été aussi visible, notamment grâce à une nouvelle génération de créateurs d’Afrique du Sud. Une veste d’homme sur une robe fluide, le tout illuminé d’imprimés futuristes : cette jeune femme évolue sur le podium d’un pas affirmé, enveloppée dans un chic profondément cosmopolite. Sa tenue est une création du designer […]
La mode africaine n’a jamais été aussi visible, notamment grâce à une nouvelle génération de créateurs d’Afrique du Sud.
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Une veste d’homme sur une robe fluide, le tout illuminé d’imprimés futuristes : cette jeune femme évolue sur le podium d’un pas affirmé, enveloppée dans un chic profondément cosmopolite. Sa tenue est une création du designer sud-africain Hugo Flear, présentée lors de la semaine de la mode de Cape Town mi-juillet. On le compare à Mary Katrantzou : comme la styliste grecque en vogue, sa maîtrise de l’impression 3D lui permet de produire des motifs géométriques en trompe l’oeil. Plutôt que de s’inspirer de jungles imaginaires ou de science-fiction, Hugo Flear met sens dessus dessous l’artisanat africain. Les fashionistas locales reconnaîtront effectivement des détails détournés de l’imprimé textile traditionnel bogolan, que l’on trouve notamment au Mali.
« Sa mode est l’exemple parfait de ce qu’on appelle ici ‘afropolitan’, ou l’Afrique cosmopolite, déclare Kyle Boshoff, acheteur pour l’AFI (African Fashion International, qui promeut la visibilité de la mode africaine dans le monde). Il s’agit d’apporter une pensée cosmopolite à une esthétique africaine : on remet à jour des détails et des pratiques artisanales, en les passant à travers un filtre contemporain à la pertinence globale. » De fait, Flear appartient à une génération refusant une représentation postcoloniale du continent. Ces jeunes créatifs repensent ainsi la relation entre l’Afrique et l’Occident, tout en se créant une place à part entière dans la mode. Dans la même veine, Eleni Labrou et sa marque Akedo remixe les imprimés ghanéens kente avec un lettrage évoquant les graffitis colorés des rues de Johannesburg. On peut aussi penser à Nicholas Coutts et son office wear conceptuel aux teintes vives inspirées par la nature sud-africaine ou encore à la Ghanéenne Duaba Serwa et ses robes de cocktails en traditionnel tissu batik.
Aujourd’hui, l’Afrique du Sud abrite une bourgeoisie grandissante et un système bancaire plus stable que jamais. Cette génération de créateurs âgés de 20 à 30 ans ne se souvient pas du monde scindé dans lequel elle est née. Fil par fil, elle façonne un pays à son image, multiculturel, idéaliste et toujours à la pointe.
Alice Pfeiffer
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