L’arrivée de Google TV et de services Internet sur les écrans plats intéressent les fabricants de téléviseurs et les opérateurs, mais inquiètent les diffuseurs.
L’ombre de Google TV a plané sur le Consumer Electronic Show (CES), cette grand-messe high-tech qui s’est tenue à Las Vegas du 6 au 9 janvier. Tout le monde pensait que le moteur de recherche annoncerait la date de lancement de ce service. Peine perdue. Selon le New York Times, l’application de Google ne serait pas encore optimisée.
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Les fabricants de téléviseurs ont donc profité du silence du géant du Net pour mettre en avant leurs services et présenter des petits boîtiers capables de se connecter au Web pour accéder à YouTube ou à des services de VOD.
Problème : ces services étant développés par les industriels, ils sont incompatibles entre eux ! D’où la volonté européenne de défendre un standard appelé HbbTV (Hybrid Broadcast Broadband TV), une sorte de télétexte évolué permettant d’accéder à des services interactifs. Les premiers écrans avec cette norme pourraient être commercialisés d’ici le printemps.
Un argument pour inciter les consommateurs à changer de télé
Mais l’expérience montre qu’une norme commune a parfois du mal à s’imposer. Cela pourrait être le cas de l’HbbTV. Elle devra en effet résister à la volonté des fabricants d’accélérer la commercialisation de leur gamme de TV connectées avec leurs propres solutions. Le but est de contrer les smartphones et tablettes tactiles qui sont de plus en plus utilisés pour visionner des contenus multimédias au détriment du petit écran.
Pour les industriels, ces “smart TV” sont aussi un argument pour inciter les consommateurs à renouveler leur gamme. Ces nouveaux écrans plats devraient représenter la moitié des ventes en France en 2011, soit 5 millions d’unités.
L’HbbTV devra aussi composer avec la volonté des chaînes de verrouiller l’accès à leurs contenus. Google TV n’est pas le seul dans la ligne de mire. TF1 et M6 ont décidé de bloquer l’accès à leurs services de catch-up TV aux possesseurs du boîtier connecté de Free : la Freebox Révolution. Preuve supplémentaire que les contenus restent le nerf de la guerre.
Pour se protéger, les chaînes françaises ont signé, en novembre dernier, une charte commune. Objectif : empêcher que des applications éditées par des tiers ou non sollicitées par le téléspectateur viennent parasiter leurs antennes. En fait, les chaînes ne veulent pas que de nouvelles ressources financières (en l’occurrence la publicité sur le Web) ne leur échappent et qu’elles soient récupérées par Google ou des opérateurs. Les diffuseurs veulent aussi éviter que ces nouveaux services ne mettent la main sur les mines d’or que sont les exclusivités comme des matchs de foot ou d’autres événements sportifs.
Mais ce qui inquiète le plus les différents acteurs de la TV connectée, c’est l’absence d’un modèle économique. Comment vont être répartis les revenus entre les fabricants de téléviseurs, les chaînes et les opérateurs ?
Philippe Richard
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