La “street photographie” est née en France à la fin du XIXème, lorsque Eugène Atget documentait en images les métamorphoses urbaines de Paris. Le genre s’est ensuite développé avec les clichés d’Henri Cartier-Bresson qui capturent l’instantanéité des rencontres humaines dans la rue. Aujourd’hui, le collectif “Helsinki Street” contribue à son exportation en Finlande, et nous pu avons rencontrer l’un de ses co-fondateurs, Sami […]
La « street photographie » est née en France à la fin du XIXème, lorsque Eugène Atget documentait en images les métamorphoses urbaines de Paris. Le genre s’est ensuite développé avec les clichés d’Henri Cartier-Bresson qui capturent l’instantanéité des rencontres humaines dans la rue. Aujourd’hui, le collectif « Helsinki Street » contribue à son exportation en Finlande, et nous pu avons rencontrer l’un de ses co-fondateurs, Sami Kero, dans le cadre du festival HKI2015 organisé par l’Institut finlandais samedi dernier, le 30 juin 2015.
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– Tu es photographe professionnel pour le Helsingin Sanomat, l’un des premiers quotidiens de Finlande. Comment la « street photographie » s’inscrit-elle dans ta carrière?
C’était il y a trois ou quatre ans, lorsque je suis venu avec quelques collègues en France pour un festival de photojournalisme à Perpignan (NDLR : le festival international « Visa pour l’image »). Nous étions quatre photographes finlandais, réfléchissant à l’avenir de notre profession, et nous nous sommes demandés : « Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour Helsinki? ». Parce qu’à l’international, il y a beaucoup de photos de la rue qui circulent, grâce à Internet notamment – et on a pensé qu’on pouvait faire ça en Finlande. Et c’est aussi parce que, en tant que professionnels, on prend beaucoup de photos mais ça se limite aux articles pour lesquels elles sont destinées. En fait, on ne regarde pas vraiment la ville dans laquelle on vit.
– Il s’agit alors de porter un regard nouveau sur la ville, sur Helsinki en particulier?
Oui, c’est l’idée de voir la ville comme un touriste, d’ouvrir ses yeux sur sa propre ville. Et c’est pour cela que nous nous sommes ouverts aux contributions extérieures – au début Helsinki Street n’était qu’un blog, dans lequel notre groupe de photographes professionnels postaient leurs clichés.
Mais la street photography est vraiment démocratique, tu n’as pas à être un excellent photographe pour prendre de belles photos. Ca tient plus à tes capacités d’observation : quand tu vas dans la rue, tu dois choisir ce qui est important, voir où se trouve la magie et ce que tu veux montrer.
– C’est une conception très différente de celle qui animait originellement la photographie de rue, telle qu’elle était pratiquée par Henri Cartier-Bresson par exemple…
C’est vrai que, lorsqu’on parle de photographie de rue, les gens pensent d’abord à Cartier-Bresson, ces photos en noir et blancs… Mais il existe aujourd’hui une photographie de rue contemporaine, en couleur surtout. Pour ce qui concerne Helsinki Street, nous ne sommes pas à la recherche de cet « instant parfait » comme Cartier-Bresson, mais c’est beaucoup plus libre et « playful » (NDLR : léger, gai, espiègle). On publie des clichés qui peuvent être beaucoup plus humoristiques.
– Comment définirais-tu la street photographie alors?
Je crois qu’il existe aujourd’hui de nombreuses définitions de la street photographie! (rires) Je pense que c’est avant tout très candide : tu ne prépares rien à l’avance, et tu ne prends pas des gens que tu connais. Tu es invisible dans la rue, et c’est ce qui lui confère toute cette réalité. Ta photo doit être vrai, car tu prends ce qui est en train de se passer « out there ».
Et on doit être très patient pour cela, il faut parfois des semaines pour avoir une bonne photo. Par exemple, il est très fréquent que je prenne des photos trois jours de suite, et me retrouve sans rien d’intéressant à la fin.
– Peut-on aussi dire que ce réalisme témoigne de l’époque à laquelle on vit?
C’est une dimension de la street photographie, oui. Il y a tout un contexte historique, sociologique et culturel dont on ne se rend pas compte immédiatement, mais quand on regardera la photo dans 15 ou 20 ans, on le remarquera. C’est un cadeau de notre temps en quelque sorte.
Et même pour nous, c’est un grand luxe que d’aller dehors, d’être en observation seulement, sans aller quelque part ni faire autre chose. Il faut essayer, juste sortir dans la rue et regarder passer les gens pendant une demi-heure – c’est très intéressant, et encore plus avec un appareil photo!
Sincères remerciements à l’équipe de l’Institut Finlandais pour son aide précieuse dans l’organisation de cet entretien.
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