Ovidie, ancienne actrice porno, est aujourd’hui réalisatrice et auteure de nombreux livres sur la sexualité. Créatrice du blog Ticket de Metro, elle met son expérience au service de la réflexion. Elle publiait jeudi 17 juin un billet sur la sodomie dans les films pornographiques. Elle explique que si filmer des rapports anaux peut dédiaboliser la pratique […]
Ovidie, ancienne actrice porno, est aujourd’hui réalisatrice et auteure de nombreux livres sur la sexualité. Créatrice du blog Ticket de Metro, elle met son expérience au service de la réflexion. Elle publiait jeudi 17 juin un billet sur la sodomie dans les films pornographiques. Elle explique que si filmer des rapports anaux peut dédiaboliser la pratique et faire tomber les tabous, cela comporte aussi un risque. La sodomie pourrait devenir un passage obligé, une contrainte plus qu’un plaisir pour les femmes. L’auteure de La Sexualité féminine de A à Z (la Musardine) tient à faire tomber les clichés que les films créent et alimentent trop souvent.
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Une des idées reçues que véhiculent les films pornographiques, est que la sodomie est un acte anodin qui procure systématiquement un orgasme. Or Ovidie raconte que certaines actrices « morflent et/ou ne sont pas à l’aise avec l’image que leur renvoie cette pratique ». Elle souligne que cette pratique sans risque pour deux amants excités dans le feu de l’action peut devenir plus douloureuse lorsqu’elle s’effectue dans le cadre stressant d’un lieu de tournage. Surtout lorsqu’on tourne avec un partenaire qu’on ne connaît pas forcément. Ainsi, toutes les actrices ne prennent pas autant de plaisir que ce qui est montré. Dans un autre de ses articles, elle fait référence à un sondage publié par l’Ifop. Il révèle que parmi les femmes qui pratiquent la sodomie, seules 26 % d’entre elles ont un orgasme facilement.
« C’est un peu le travail du dimanche du porno »
Pour Ovidie, la sodomie « c’est un peu le travail du dimanche pour l’employé lambda. On ne te l’impose pas, mais on te fait comprendre que si tu veux un poste t’as intérêt à t’y faire ». Dans une interview accordée aux Inrocks, elle déplorait le fait que si « on n’a jamais autant maté de porno, il ne s’est jamais aussi mal porté. Les conséquences de ce piratage intensif, c’est que les tarifs ont été divisés par deux en dix ans. » Dans un contexte où produire des films coûte de plus en plus cher, une actrice se doit d’être la plus polyvalente : « pour se faire un nom dans ce milieu, elle doit élargir son panel de pratiques, et l’anal constitue un véritable basique du porno hétéro mainstream ».
L’auteure dénonce la représentation irréaliste de la sodomie dans les films pornos « comme une pratique rabaissante de soumission » qui provoque un sentiment d’interdit chez la plupart des femmes qui s’y initient. La sodomie est toujours affichée à sens unique. Elle regrette qu’on voit trop rarement des relations bisexuelles, dans lesquelles les hommes aussi la pratiqueraient. C’est la première réalisatrice à avoir diffusé une scène de ce genre sur Canal + avec son film Le baiser. Elle témoigne de plusieurs rencontres avec des acteurs qui se moquaient des relations anales, comme si elles n’étaient réservées qu’aux femmes : « parfois les gens les plus « libérés » en apparence ne font que reproduire des schémas vieux comme le monde ». Le documentaire d’Ovidie, A quoi rêvent les jeunes filles, sera diffusé sur France 2 le 23 juin prochain. Elle joue aussi dans Saint-Amour, le dernier film de Benoît Delépine et Gustave Kervern.
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