La sociologue féministe est morte à l’âge de 81 ans à Oakland (Californie), le 28 juillet, d’une insuffisance respiratoire.
Elle a voué sa vie à se battre contre les crimes et les violences faites aux femmes. La sociologue et militante féministe Diana E. H. Russel est décédée le 28 juillet à Oakland (Californie), d’une insuffisance respiratoire. Née en 1938 au Cap, en Afrique du Sud, elle a rejoint l’Université d’Harvard en 1963, où elle a étudié la sociologie et les mouvements révolutionnaires – le mouvement anti-apartheid en Afrique du Sud, en particulier.
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Elle a popularisé le terme “féminicide”
A partir de 1977, elle s’est consacrée entièrement à mener 900 entretiens approfondis avec des femmes, dont elle a tiré plusieurs ouvrages, qu’énumère sa page officielle : Rape in Marriage (1982), Sexual Exploitation : Rape, Child Sexual Abuse, Workplace Harassment (1984), et The Secret Trauma (1986) – la première étude scientifique sur l’inceste. Diana E. H. Russel est passée à la postérité en redéfinissant et en popularisant le mot “féminicide”, ces “meurtres de femmes commis par des hommes parce que sont des femmes”. Ces meurtres sont “motivés par la haine, le mépris, le plaisir ou le sentiment d’appropriation des femmes”.
❤️OBITUARY💐 — Diana E. H. Russell, Ph.D. passed away on July 28, 2020. She devoted her life to the remediation of crimes against women.🚺 Please see her full obituary, view photos, and learn more about her lifetime of work and activism on her website: https://t.co/iDDIxzp4t7 pic.twitter.com/tkv74piufw
— Diana E. H. Russell (@DianaEHRussell) July 30, 2020
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Cette manière de qualifier les meurtres de femmes a permis de politiser ce fait social, et de pointer du doigt leur caractère profondément misogyne : “Elle voulait mettre en avant la misogynie menant à des crimes mortels de femmes, et pour elle, des termes non-genrés comme ‘meurtre’ ne parvenaient pas à le faire”, relate son avis de décès. Cette définition a été adoptée par de nombreux mouvements féministes, en particulier en Amérique latine, contribuant à faire croître leur force et à les armer contre des systèmes politiques et judiciaires hermétiques aux questions de genre.
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“Spécificité de certaines formes d’assassinats de femmes”
L’anthropologue féministe Marcela Lagarde a par exemple repris ce terme au Mexique, concernant les féminicides à Ciudad Juarez. “Cela a permis d’insister sur l’existence et la spécificité de certaines formes d’assassinats de femmes. Ce sont des crimes de haine contre les femmes, parce qu’elles sont des femmes, par des hommes qui estiment avoir le droit de vie et de mort sur l’ensemble des femmes, et tout particulièrement sur celles avec lesquelles ils ont entretenu des rapports paraît-il amoureux”, nous expliquait la sociologue Jules Falquet.
On doit aussi à Diana Russel le premier “Tribunal international des crimes faits aux femmes”, dont Simone de Beauvoir avait assuré l’introduction, à Bruxelles, en 1976. Elle était en train d’écrire ses mémoires, qui restent donc inachevées.
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