Le nombre de bars et de bouteilles dédiés au rhum explose. Petit tour des plantations.
La France est prise dans la ferveur de l’aguardiente et semble redécouvrir les vertus des eaux-de-vie de canne de ses Antilles. “Le rhum est le spiritueux qui connaît la plus forte croissance de la décennie”, raconte Alexandre Vingtier, rédacteur en chef de Rumporter. Dans son livre 101 rhums à découvrir (Dunod), il explique ce dynamisme de l’eau-de-vie de canne par “son immense diversité, des prix accessibles et des standards de qualité qui se sont nettement améliorés”.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le rhum est aux Français ce que le gin est aux Anglais. Effectivement, il n’a pas fallu attendre que François Hollande remette les pieds au pays du cuba libre pour que l’on se fasse le palais. Stimulés au Havana Club depuis son rachat par Pernod en 1993, les amateurs de l’Hexagone sont depuis longtemps bien affûtés au “kill devil”. Le guildive (contraction créole de cette dénomination caribéenne) martiniquais a reçu ses lettres de noblesse avec l’octroi d’une AOC en 1996. Damoiseau, Trois Rivières et La Mauny détrônent aujourd’hui les cubains en supermarché. “On est le pays du mojito”, ironise Guillaume Ferroni, bartender tombé dans le distillat guadeloupéen il y a une dizaine d’années.
“Si tu demandes un cocktail à la vodka, on t’en sert un au rhum”
Ti-punch l’été, grog l’hiver, l’alcool zouk et salsa est certes un peu plus sexy que le cognac de papi. Les clubbeurs, hier soûlés au rhum Coke, découvrent désormais les saveurs ultravariées des ambrés, agricoles, vieillis, blancs, en cocktails, secs ou infusés. Et rien de tel qu’un bon RhumRhum de Marie-Galante pour s’initier au “boire français” défendu au bar A la française, via une cinquantaine de références, par Stephen Martin, le seul barman qui arrive à faire passer les filles du ramos au Depaz.
Au Maria Loca, qui initie Paris à la conquête de l’agricole, “si tu demandes un cocktail à la vodka, on t’en sert un au rhum”. Le style liquoreux, aux goûts faciles du vénézuélien Diplomatico ou du philippin Don Papa, explose. Marseille, qui fut plaque tournante de nombreuses marques de spiritueux (Saint-James y est né), renoue avec son passé. Avec son Chai n° 2, Guillaume Ferroni lance le premier “rhum de Marseille”. Ses blends et ses blancs de Bélize, Guadeloupe ou Maurice ont vieilli en bord de mer et une microdistillerie phocéenne va bientôt se remettre à chauffer.
A la française 50, rue Léon-Frot, Paris XIe
Maria Loca 31, boulevard Henri-IV, Paris IVe
Chai n° 2 6, boulevard Tellène, Marseille
{"type":"Banniere-Basse"}