Manuel Valls en défenseur des 35 heures et une vive passe d’armes entre les Verts et les Socialistes : l’ambiance est chaude pour cette deuxième journée de l’université socialiste de La Rochelle.
Il n’était attendu qu’en début après-midi. Manuel Valls a finalement posé le pied à La Rochelle en fin de matinée, slalomant entre les journalistes puis s’offrant un bain de foule dans les rues de la cité blanche, serrant les mains des passants et embrassant les enfants. Arrivée hier soir à l’université d’été de son parti, le Premier ministre à commencé sa matinée en se rendant sur le pont de l’Hermione – réplique mythique du bateau qui mena le général Lafayette sur le Nouveau monde –, au large de la Rochelle, où il a multiplié les déclarations politiques.
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Chacun a eu droit à sa petite phrase : son gouvernement d’abord, (« Il faut savoir où on va et gouverner ferme« ) alors qu’il évoquait les défis du terrorisme mais aussi des migrants en Méditerranée. Les écologistes ensuite, avec en vue le remaniement ministériel qui n’est plus qu’un secret de polichinelle (“Ce qui compte, c’est la cohérence”) ; à son parti et à la gauche en général (“A force d’aller à gauche, on finit à droite”). Et évidemment, son ministre de l’Economie Emmanuel Macron : « quand on gouverne« , « chaque mot, chaque attitude, chaque phrase » sont « importants« , a-t-il insisté. En 2011 pourtant, Manuel Valls “voulait déverrouiller les 35 heures”. Le voilà aujourd’hui son défenseur, prolongeant ainsi la cacophonie politique de la veille.
« Gauche ou droite, c’est plus ou moins la même chose”
Dans les rues de La Rochelle, Manuel Valls a été salué et encouragé bon nombre de fois. Un orchestre jouait même un morceau en son honneur à son arrivée sur le vieux port de la ville. Un succès populaire pour le Premier ministre, qui contraste avec les commentaires entendus sur le marché de la Rochelle ce matin à propos du PS. “Ils ne sont pas capables de s’entendre entre eux, comment peuvent-ils gouverner le pays ?”, se demande Didier. “On est lassés, gauche ou droite, c’est plus ou moins la même chose”, regrette Annick. Quant à Bruno, il vote à droite mais voit monter le Front national monter ici à La Rochelle [aux départementales de mars, le FN était arrivée en tête au premier tour dans le département avec près de 25% des voix, ndlr]. Ce retraité n’est pas exempt de reproches ni envers le PS ni envers Les Républicains :
“On assiste à une grande panique et une grande pagaille chez les partis traditionnels. Les gens se tournent alors vers le Fn : ils y cherchent un espoir, bien plus par dépit que par conviction.”
Pendant ce temps à l’espace Encan de La Rochelle, où à lieu l’université d’été, les débats continuent ce samedi. Si des écologistes pouvaient faire leur entrée au gouvernement (quid de François De Rugy ou de Jean-Vinvent Placé) ces prochains jours, l’animation ce matin était à chercher du côté des ateliers de travail. Jean-Marie Le Guen, Olivier Faure pour le Parti socialiste et David Cormand accompagné par Eva Sas pour EE-LV ont tenté de dresser le bilan de l’accord PS-EELV en vue des régionales de décembre avec cette question posée (pour le moins équivoque) : “ce qu’il reste à faire?”
“Aujourd’hui, j’ai entendu un procès”
Peut-être les hautes températures ce samedi y sont-elles pour quelque chose, tant le débat fut houleux, notamment entre le secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen et le numéro 2 du parti écologiste David Cormand. Après une heure de débat, le micro a été donné aux militants. Le débat salle Chanchardon a alors viré à l’affrontement pur et dur. Quand Le Guen dit : “qu’on ne vienne pas nous parler de loyauté, le vote du budget faisait partie de notre accord”, Cormand répond : “tu confonds loyauté et soumission”. Ambiance… À son tour, le députe de Seine-et-Marne Olivier Faure accuse les Verts de “défendre une conception léniniste” de l’application de l’accord entre le PS et EELV. La conclusion revenant à Eva Sas, députée de l’Essonne, résignée :
“Je suis déçue de cet atelier, tout ce que nous avons montré aujourd’hui, ce sont nos divergences. Aujourd’hui, j’ai entendu un procès. Je ne suis pas sûr qu’on va construire quelque chose ensemble demain.”
L’après-midi est consacrée à 3 séances en salle plénière autour des valeurs fondamentales de la République française. Première séance: “La République pour la liberté” autour des ministres Bernard Cazeneuve, Fleur Pellerin et Christiane Taubira. La garde des sceaux y a livré un discours largement plébiscité par l’auditoire socialiste, déclenchant vagues d’applaudissements et pas moins de 4 standing ovation. « La liberté consiste à s’affranchir de toutes les servitudes. Elle est de gauche parce qu’il n’y a pas de liberté sans émancipation », a-t-elle notamment déclaré, avant d’envoyer ce message à peine voilé en direction de son collègue à l’Economie, Emmanuel Macron : « Lorsque la gauche s’éloigne des catégories populaires, elle devient infidèle à elle-même. » Puis c’est au tour de “La République pour l’égalité” avec Najat Vallaud-Belkacem, Marisol Touraine, Patrick Kanner ou encore le frondeur Christian Paul. Enfin “La République pour la fraternité”. Après la COP21 hier, la devise de la République faisait partir des grands thèmes de débats annoncé par l’hôte de cette édition 2015 de La Rochelle, le sénateur de Paris David Assouline.
Les élections régionales des 6 et 13 décembre prochain, troisième grand thème, viendront clôturer cette journée. Le Parti Socialiste qui contrôle actuellement 21 régions sur 22 (sauf l’Alsace) essaiera de limiter la casse lors de cette élection intermédiaire mais doit, dans le même temps faire face à des possibles alliances entre le parti EELV et le Front de Gauche emmené par Jean-Luc Mélenchon. Le dépôt final des listes est prévu pour le 12 septembre. Demain, l’université d’été du parti socialiste se clôturera avec les discours du premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis et du Premier ministre Manuel Valls.
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