Premier jour officiel de l’université d’été du PS. Les hostilités ont commencé entre les deux favoris des sondages, François Hollande et Martine Aubry.
Après la séance de sourires jeudi soir à la Fédération PS de Charente-Maritime, on est entré dans le dur à La Rochelle. Et même « dans le viril », selon un proche de Ségolène Royal, qui feint l’effarement devant les échanges entre camp Aubry et camp Hollande. Avant d’ajouter : « Si Aubry et Hollande continuent comme ça, Ségolène a un chemin. »
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Tout est parti d’une phrase sur le blog de Jean-Christophe Cambadélis, soutien strauss-kahnien de la maire de Lille. « Ne jouons pas les chochottes au premier chuchotement », lance-t-il en visant ceux qui voudraient « une primaire pépère ». Comprendre : François Hollande, qu’il avait déjà traité de « pervers pépère » quand l’ancien patron du PS avait perturbé la campagne des européennes en 2009. On est au PS et les éléphants ont la mémoire longue.
Aussitôt le camp Hollande réagit. Le député de Corrèze boude la séance d’ouverture de l’université d’été, vendredi après-midi, vers 15h. Alors que tous les autres participants ont pris place au premier rang. « Je ne pensais pas qu’il fallait être là », se défend-il à son arrivée. Oubliant au passage (éléphant amnésique ?) qu’il a présidé au destin du PS pendant onze ans et qu’il connaît mieux que personne le déroulé des travaux de rentrée du PS à La Rochelle. « S’ils m’avaient dit d’être là, je serais venu », insiste-t-il.
Une avance fragile
Pour dire la vérité, il n’y a pas que la pique de « Camba » qui a fait monter la moutarde au nez de François Hollande. Vendredi matin est sorti un sondage Ipsos favorable au député de Corrèze, crédité de 42% des intentions de vote au premier tour de la primaire, loin devant Martine Aubry (31%) et Ségolène Royal (18%). Mais François Hollande sait bien que c’est une avance fragile, vu qu’on ne connaît pas le corps électoral de ce scrutin inédit en France.
Du coup, il est un peu nerveux et supporte mal les attaques de Martine Aubry sur son bilan à la tête du PS, de 1997 à 2008.
« Quand je suis arrivée à la tête du parti, on nous expliquait que le PS était un cadavre à la renverse et qu’il faisait pitié. Ce n’était pas faux. Depuis nous avons réussi à travailler collectivement », a ainsi déclaré l’ex-patronne du parti dans les colonnes du Parisien.
Elle aussi a un peu la mémoire qui flanche puisqu’elle a fait partie de la direction qu’elle vilipende aujourd’hui.
Ticket pour la défaite
Chez les hollandais, on se veut serein tout en montrant un peu les muscles. « Les aubrystes viennent de prendre leur ticket pour la défaite. C’est comme en cohabitation, le premier qui tire est mort », commente un proche du Corrézien. « J’essaye d’avoir du calme, du sang-froid, de la sérénité », souligne pour sa part François Hollande. « Pépère, chochotte ? Je pense que ce sont des compliments », ironise-t-il.
Chez Martine Aubry, on feint aussi la plus grande « sérénité ». « Il y a une volonté de pourrir et durcir. Je ne comprends pas cette fébrilité », dit un proche de la maire de Lille.
On dirait que la météo suit les humeurs des socialistes. Jeudi soir, c’était douceur estivale, apéro en plein air et pineau des Charentes. Vendredi, le temps a tourné à l’orage, avec pluies et bourrasques. On vous tient au courant pour samedi mais on redoute déjà le match de catch dans la boue…
Hélène Fontanaud et Marion Mourgue
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