Cette matière olé olé n’est plus synonyme de “Pretty Woman”, ni de Marilyn Manson. Défilé printemps-été 2014 du jeune créateur Julien David. Au milieu d’un océan d’hologrammes, imprimés pixelisés et autres touches importées de la culture internet, c’est le modèle le plus épuré qui surprend : une petite robe bleu nuit, souple, transparente, faite de […]
Cette matière olé olé n’est plus synonyme de « Pretty Woman », ni de Marilyn Manson.
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Défilé printemps-été 2014 du jeune créateur Julien David. Au milieu d’un océan d’hologrammes, imprimés pixelisés et autres touches importées de la culture internet, c’est le modèle le plus épuré qui surprend : une petite robe bleu nuit, souple, transparente, faite de polyuréthane thermoplastique, ou, autrement dit, de vinyle nouvelle génération. Ni vu ni connu, le créateur entraîne l’incontournable little black dress dans les bas-fonds du vêtement féminin. Car ce matériau revient de loin. Initialement développé pour des outils du quotidien, son aspect fonctionnel et rigide lui vaudra une relecture fétichiste par les fans de bondage et les chanteurs de rock gothique (pour finir par se blottir dans le folklore péripatéticien). En somme, une matière violemment connotée, disponible jusqu’à récemment avenue de Clichy plutôt que sur les Grands Boulevards.
Pourtant, entre les mains de Julien David (comme chez J. W. Anderson et même Topshop), le vinyle est déstructuré et il déconstruit notre vision de la mode en retour. C’est avec un humour iconoclaste que les griffes s’emparent d’une matière capable de donner une insinuation sexuelle à la plus classique des tenues. Au sein de la culture du mix & match, la voilà associée à des couples lisses, presque androgynes, pour un résultat qui gomme le sexuel et ne garde que l’aspect flashy, assuré, hypertechnique.
Car ce vinyle 3.0, souvent créé à partir de matières novatrices (il sort d’une imprimante 3D chez Iris van Herpen), rappellerait presque les débuts de Courrèges, et ses créations en plastique inspirées par les voyages sur la Lune. Fini, la mode matriarcale spécial baby-boom ! En avant, les femmes-robots qui préfèrent visiter la planète Mars plutôt que les jardins d’enfants ! Idem pour le vinyle d’aujourd’hui : rêvant de demain plutôt que pleurant le savoir-faire d’hier, il raconte une artificialité assumée, et une féminité en phase avec les nouvelles technologies. Anti-organique au possible, il va à l’encontre du concept de matières et courbes “naturelles”, et propose une armure futuriste, idéale pour un périlleux voyage dans le (cyber)espace.
Alice Pfeiffer
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