Distancée par son adversaire dissident Olivier Falorni dans un sondage, la candidate à la législative de La Rochelle a riposté mercredi soir. Et a répondu au tweet de Valérie Trierweiler.
La météo est trompeuse. Le ciel s’est dégagé sur La Rochelle dans l’après-midi de mercredi. En début de soirée, le vent tombe. Ségolène Royal a la mine grave quand elle fait son entrée dans la salle de l’Oratoire, bondée de militants et de sympathisants venus l’écouter. A trois jours du second tour des législatives, elle est donnée perdante dans un sondage Ifop réalisé pour le journal Sud-Ouest. Le dissident PS Olivier Falorni l’emporterait avec 58% des voix, contre 42% à l’ancienne candidate présidentielle de 2007.
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A la tribune, le maire de La Rochelle, Maxime Bono, se fait cinglant à l’encontre de celui qui défie Ségolène Royal, le Parti socialiste… et François Hollande, qui a publiquement apporté son soutien à son ancienne compagne.
« La primaire de l’opinion publique, Olivier Falorni l’a perdue au premier tour. Ségolène Royal est la candidate de la gauche. S’il est élu, je ne siègerai pas avec lui, pas plus qu’il ne siègera au sein du groupe PS (…). Nous ne voulons pas d’un député complice de la droite et nous ne voulons pas participer à ce qui relève d’une félonie », lance-t-il.
Presque au même moment, sur l’île de Ré, Olivier Falorni tient lui-même une réunion publique. A laquelle sont venus assister quelques maires UMP de Charente-Maritime. Car depuis dimanche, l’ancien responsable de la fédération PS est devenu le chouchou de la droite, qui rêve de contrer la marche de Ségolène Royal vers la présidence de l’Assemblée nationale.
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Mais Olivier Falorni a trouvé une autre avocate. Valérie Trierweiler, la compagne de François Hollande, a tweeté mardi son soutien à ce « Hollandais » de longue date qu’elle dit avoir voulu défendre alors que tout le PS est vent debout contre lui. L’incursion de Valérie Trierweiler sur le terrain électoral où évolue l’ex-compagne du chef de l’Etat a suscité colère et malaise chez les socialistes et jubilation à droite.
Toute la journée de mardi, toute la journée de mercredi, Ségolène Royal a refusé de répondre. Et puis, la combattante politique a refait surface. Elle a donné une interview à Libération dans l’après-midi de mercredi et, surtout, lors du meeting, elle a riposté, la voix sourde, tendue.
« Moi les coups, je peux les encaisser. Ce n’est pas évident, trop c’est trop, il y a des coups inimaginables, incompréhensibles, violents. Je n’ai pas voulu volontairement réagir hier car le coup était trop violent, ça ne veut pas dire que je ne suis pas meurtrie, je ne suis pas un robot », commence-t-elle. « J’ai la responsabilité de mener un combat politique. Mais je demande le respect à l’égard d’une femme politique, d’une mère de famille, dont les enfants entendent ce qui est dit. »
François Hollande et Ségolène Royal ont eu quatre enfants. L’aîné, Thomas, a activement participé aux campagnes présidentielles de ses parents. Le week-end dernier, il était avec une de ses sœurs à La Rochelle pour soutenir sa mère.
Sa phrase terminée, Ségolène Royal reste debout, les yeux brillants, tandis que ses partisans scandent « on va gagner, on va gagner ». Elle reconnaît qu’elle vit « un moment grave, difficile ». « Ce combat, c’est le combat de l’honneur contre le déshonneur, c’est le combat de la fidélité de la gauche contre la trahison ».
« Aujourd’hui, je suis la femme à abattre et vous ne devez pas laisser faire ça, c’est la droite revancharde qui veut m’abattre. Je vous demande de vous mettre en mouvement pour la morale politique. »
« Falorni égale Sarkozy »
Elle vise à son tour Olivier Falorni : « La droite a trouvé l’arme pour m’abattre, la dissidence, le candidat de l’escroquerie politique ». Et appelle les électeurs de la première circonscription de Charente-Maritime « à ne pas mêler leurs voix à celles de Sarkozy et du Front national ». Pour elle, c’est désormais simple, « Falorni égale Sarkozy ».
« Nous n’avons pas le droit de ternir la victoire de l’élection présidentielle », poursuit Ségolène Royal, qui sait que sa défaite dimanche jetterait une ombre sur la victoire annoncée de la gauche aux législatives. Au passage, elle fustige « une partie du vieil appareil politique » du PS, « qui n’a jamais accepté qu’une femme puisse accéder aux responsabilités ». Elle évoque « certains qui tirent quelques ficelles », comme l’ancien ministre de l’Intérieur, Philippe Marchand.
« Mais rien n’est joué, assure la présidente de la région Poitou-Charentes, les hommes et les femmes ont une responsabilité politique sur cette terre de gauche, radicale. S’ils comprennent ce qui est en train de se passer, alors les choses iront dans la bonne direction. » Jusqu’à samedi, Ségolène Royal veut mener une campagne active de porte-à-porte pour mobiliser un électorat qui, comme partout en France, s’est abstenu en nombre au premier tour des législatives.
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