Malgré le buzz Google Latitude, les nouveaux usages du GPS sur mobile sont en mauvaise position pour entrer dans nos habitudes.
Les récentes applications de Google sur mobile, Google Street View et Google Latitude, ont généré un flot d’inquiétudes quant à l’intrusion de la géolocalisation dans la vie privée. Et si, dès demain, notre position pouvait être visible par tous, à tout moment ? Pourtant, on semble encore loin de la surveillance façon 1984 d’Orwell.
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A titre d’exemple, la difficulté pour les jeux fondés sur la géolocalisation à pénétrer le marché. Pourtant, les tentatives n’ont pas manqué : Mogi, un des premiers jeux du genre, lancé en 2002 à Tokyo, faisait récolter aux joueurs des objets virtuels dans la ville qu’ils localisaient avec leur mobile. L’initiative Pac-Manhattan avait fait revivre la fameuse course-poursuite vidéoludique (Pac-Man coursé par les fantômes) dans les rues de New York. Mais ces jeux n’ont pas trouvé de public durable. Nicolas Nova, auteur du livre Les Médias géolocalisés, explique : “Il est rare d’avoir des jeux géolocalisés qui se jouent en continu car ils demandent une certaine préparation et une adaptation à un contexte local, celui de la ville.”
Au-delà des difficultés pratiques, ces usages ludiques du GPS ne se heurtent-ils pas à une certaine résistance ? “Le fait de pouvoir être localisé est très mal ressenti dans la civilisation occidentale. Il y a une peur très marquée d’intrusion dans la vie privée, surtout en France”, précise Nicolas Nova. De la même manière, les réseaux sociaux pour mobile ont du mal à démarrer. Peu de gens connaissent ainsi Akaaki, qui permet de localiser en temps réel les membres les plus proches de soi, pour faire des rencontres in situ. “La première question qu’on pose au téléphone, c’est : “T’es où ?” Des chercheurs ont eu l’idée d’automatiser cette information sous forme de réseaux sociaux mobiles”, explique Nova. Mais l’offre reste pour l’instant très dispersée. “La limite de ces services est la mauvaise gestion des degrés de relation : vous recevez une alerte dès qu’une connaissance se trouve à proximité, que ce soit un membre de votre famille ou une vague relation. Du coup, ça a un côté assez effrayant.”
La généralisation de l’usage du GPS n’est pas seulement freinée par un réflexe de protection de l’utilisateur. Le marché est aussi limité par le faible pourcentage de téléphones qui en sont équipés : ils n’étaient que 11 % en 2008. Ensuite, reste à trouver des solutions pour que ces applications, généralement gratuites, soient rentables : Google a dû fermer son application Dodgeball, réseau social fondé sur le partage de localisations par SMS, faute de bénéfices.
La crainte d’être suivi à la trace ne serait-elle qu’une parano infondée ? Pas complètement. Si des applications comme Google Latitude ne permettent pas d’être localisé au sens strict puisqu’on peut ou non indiquer sa position, en revanche, des projets pour appliquer la géolocalisation au monde du travail voient régulièrement le jour et pourraient avoir des conséquences plus inquiétantes.
Aux Etats-Unis, certaines compagnies d’assurance modulent déjà le coût de la police en fonction des déplacements du conducteur qu’ils suivent grâce à un GPS. Un projet qui fut un temps à l’étude en France… avant de se voir opposer un veto de la Commission nationale de l’informatique et des libertés
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