L’Apple Store, service qui permet de télécharger des programmes pour iPhone et iPod Touch, regorge d’applications utiles et inutiles. Un succès phénoménal.
Connor Mulcahey, jeune Américain de 13 ans, est un garçon heureux : le milliard, c’est lui. En téléchargeant Bump sur l’App Store, Connor a gagné le concours offrant quelques jolis cadeaux à celui qui ferait dépasser la barre du milliard de téléchargements à la boutique en ligne. Un milliard de téléchargements en neuf mois d’existence seulement : un record.
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L’application Bump sert à échanger des contacts et des photos entre deux iPhone. Connor aurait aussi bien pu télécharger l’application Facebook pour iPhone. Ou Human Atlas, sorte de Vidal interactif, ou un plan de métro, ou un guide pour trouver les meilleurs restaurants de sa région, ou l’application TV pour clients Orange ou SFR, ou une application lui permettant, depuis sa poche, de streamer à peu près toutes les radios du monde, ou un logiciel pour faire ses comptes en direct, ou un générateur automatique de prouts.
Il aurait pu télécharger l’application du Monde, permettant de lire les articles sur son téléphone – il pourra même bientôt télécharger celle des Inrocks.com. Il aurait pu vouloir jouer au génial Robot Kamikaze, à un jeu de flipper, à Trism, à l’un des milliers de jeux disponibles sur l’App Store. Il aurait pu télécharger Bloom, application musicale conçue notamment par Brian Eno, ou piocher parmi les centaines d’instruments virtuels, de l’ocarina à la guitare sur écran.
Connor Mulcahey avait l’embarras du choix : utiles ou inutiles, parfaitement programmées ou bourrées de défauts, il y a plus de 35 000 applications disponibles sur l’App Store, dans tous les domaines. Et encore un peu plus chaque jour, soit une jungle dans laquelle il est de plus en plus difficile pour l’utilisateur de s’y retrouver. Mais également pour les concepteurs de logiciels, poussés à la gratuité ou à des prix très réduits, qui tentent, avec souvent peu d’espoir et des ventes à perte, de se faire remarquer. Ces concepteurs sont des sociétés professionnelles mais également des amateurs, en très grand nombre. Des programmeurs du dimanche, inventant leur petit bidule le soir, le week-end, dans le garage, quand les gamins dorment…
Bref, l’App Store constitue, pour beaucoup, une renaissance de l’âge d’or de l’informatique. Si Connor Mulcahey a choisi Bump, c’est peut-être parce qu’elle est gratuite, comme des milliers d’autres. Il y en a aussi des milliers de payantes – une micropoignée d’euros. Et Connor Mulcahey, comme tous ceux qui téléchargent des applications sur l’App Store, font la richesse d’Apple.
Patron de la firme, Steve Jobs avait déclaré que l’App Store, né en juillet 2008, ne rapporterait que des clopinettes à sa compagnie. Il mentait, ou alors se trompait, et de beaucoup : les résultats financiers d’Apple ne cessent, malgré la crise, de surprendre les analystes. Il se murmure que la somme totale engendrée par les téléchargements d’applications payantes sur l’App Store serait de 2 milliards de dollars l’année prochaine – Apple en prend au passage 30 %. Les développeurs empochent quant à eux ce qu’Apple leur laisse.
Après les démarrages mous de sa première version, l’iPhone est désormais une réussite technique et commerciale pour Apple. Il s’en est vendu près de 40 millions dans le monde. Mais Apple a réussi quelque chose de plus important encore : inventer une nouvelle plate-forme, et lui offrir en quelques mois un écosystème logiciel d’une richesse folle, couvrant à peu près tout le spectre des besoins humains. Voire un peu plus.
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