Malgré l’onde de choc de l’arrivée de Jean-Luc Hees à Radio France et du départ d’Axel Duroux de RTL, les radios généralistes gardent leur cap en cette rentrée. Peu de changements, une prime à la stabilité, histoire de ne pas égarer les auditeurs fidèles.
Avec l’arrivée mouvementée de Jean-Luc Hees à la tête de Radio France et le départ soudain d’Axel Duroux de la direction de RTL pour rejoindre TF1, le paysage radiophonique a connu avant l’été quelques secousses d’une magnitude élevée sur l’échelle de Richter des ondes magnétiques. L’été écoulé, les tensions semblent pourtant être retombées comme un soufflé, à moins que le vernis un peu surfait des conférences de rentrée, rituels immuables pour les radios généralistes, ne dupe son monde.
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C’est du côté de Radio France, maison traditionnellement ultra réactive au moindre tremblement, que la rentrée était la plus attendue, parce que la plus exposée : comment Jean-Luc Hees, nommé par Nicolas Sarkozy, allait-il parvenir à effacer la trace du soupçon (d’affinité avec le pouvoir) qui lui colle à la peau, malgré ses dénégations répétées ? En revendiquant son indépendance, en défendant la liberté de ses stations, en proférant sa bonne foi, en récusant la théorie du complot, dont lui et son ami et nouveau directeur de France Inter Philippe Val seraient les victimes. Acculé à l’exercice de pénitence (non, je n’ai pas fauté en acceptant l’adoubement de Sarkozy…), Jean-Luc Hees a rassuré les sceptiques (jusqu’à quand ?).
Les grilles de rentrée de France Inter, France Info, France Culture et France Musique ont toutes été préparées dans un esprit de continuité avec les précédentes. Seule France Info, soumise à un changement tendanciel de son écoute (concurrence du net…), a lancé un chantier de reconstruction : en attendant, le franc Nicolas Poincaré aura la charge de relancer la matinale. Sur France Inter, rien ne bouge ou presque : à part le remplacement à la revue de presse de Frédéric Pommier par Bruno Duvic, celui de Colombe Schneck par Pascale Clark à 9h30 (Comme on nous parle, sur les médias), les fondamentaux de la grille sont reconduits, de Stéphane Guillon à Daniel Mermet, de Stéphane Bern (très drôle lors de la conférence de presse en affirmant pour rigoler que sa première invitée serait Valéria Bruni-Tedeschi, à la demande de son patron) à Nicolas Demorand le matin, du précieux Vincent Josse à l’indispensable Bernard Lenoir…, France Inter a gardé la ligne, mettant à bas les rumeurs sur le rouleau compresseur Val, plutôt discret dans la confection du menu de rentrée.
Quelques nouveautés attendues tout de même : l’arrivée de François Morel pour une chronique le vendredi matin à 7h55, celle du comédien Guillaume Gallienne pour des lectures de textes littéraires (ça peut pas faire de mal, le samedi à 18h10), le retour de Jean-Marc Four (Et pourtant elle tourne, à 18h), une nouvelle émission pour le malin Philippe Collin (La cellule du dégrisement le samedi à 11h)…
Sur France Culture, désormais dirigée par Bruno Patino (ex-directeur de Télérama), pour qui la radio doit essayer « de rendre compréhensible la complexité du monde et accessible la beauté de la création humaine » (sic), la grille garde ses principaux équilibres et émissions (à part l’historique Surpris par la nuit, remplacée par Les passagers de la nuit de Thomas Baumgartner, à 23h). Les nouveautés se concentrent sur les Matins, désormais animés par Marc Voinchet (Ali Baddou présentera une émission de débats, Radio libre, les samedis à 15h30) et sur quelques émissions inédites : Hors-champs par Laure Adler à 22h15 ; Mégahertz par Joseph Confavreux le samedi à 14h30, Rue des écoles par Louise Tourret (mercredi à 11h), Les retours du dimanche (réflexion sur l’actualité de la semaine) par Caroline Broué et Hervé Gardette à 18h…
Du côté des grosses périphériques, rien de très neuf, excepté sur Europe 1 dirigée par Alexandre Bompard qui continue pour sa seconde saison à préférer au format « info et talk » de ses prédécesseurs celui de l’humour et du jeu (bienvenue à Guy Carlier, Nagui, Anne Roumanoff…) et de la (radio) nostalgie (Gildas, Lescure…). Sur RTL, dépossédé de son grand chef Duroux, tout continue comme avant, sauf que Christophe Hondelatte reprend On refait le monde à 19h15. Face aux stations musicales qui perdent de plus en plus d’auditeurs, les stations généralistes résistent bien à la fragmentation de l’écoute. Avec plus de 42 millions d’auditeurs par jour, la radio reste un média de masse : à chacune des stations d’en revendiquer la plus grosse part. Toutes affûtent leurs arguments : la guerre des ondes est partie pour une nouvelle saison.
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