Le gouvernement norvégien a annoncé vouloir fermer toutes ses fermes de production de fourrure avant 2025. Un décision éthique mais aussi économique, en raison du déclin de l’engouement pour le renard et le vison dans la mode.
D’ici 2025, les fermes de production de fourrure seront toutes fermées en Norvège, selon une directive annoncée par le gouvernement le 14 janvier. Autrefois les premiers producteurs au monde de fourrure au monde, les Norvégiens se rallient au quatorze autres pays européens qui ont banni l’élevage d’animaux pour leurs peaux. La décision, prise par la Première Ministre Erna Solberg, s’appuie sur une réflexion politique, économique et éthique.
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La fourrure a été l’un des fleurons économiques de la Norvège : en 1939, au pic de la prodction, on y compte plus de 20 000 fermes d’élevage pour la fourrure de renard et de vison. Cependant, en 2013, la Norvège représentait à peine 3% des peaux vendues dans le monde.
Economie et éthique ?
Les associations de protection des animaux ont été déterminantes dans la décision d’en finir avec l’élevage des animaux pour leurs peaux, notamment NOAH – qui a organisé en 2016 la plus grande marche anti-fourrure d’Europe en Norvège – et la PETA. Mais ce sont aussi, voire surtout, les données économiques et politiques qui ont joué un rôle décisif pour la Première Ministre selon les analyses de BOF et Reuters.
En effet, les retombées économiques de cette activité sont en baisse significative depuis l’ampleur prise par la Chine dans cette industrie : elle emporte plus de 69% des parts de ce marché. Si la porte-parole de l’association des fourreurs norvégiens Guri Wormdahl évoque une catastrophe économique pour les 400 employés de fermes actuelles et avance la perte à venir de 45 millions d’euros dans les caisses de l’Etat suite à la suppression du métier de fourreur, c’est par pure logique commerciale que la Première Ministre Erna Solberg a pris la décision de fermer ce secteur économique.
Selon les économistes norvégiens, l’industrie de la fourrure continuera son déclin dans les années à venir, jusqu’à ne plus rien apporter au pays. En cause, la sensibilisation grandissante du grand public aux conditions d’élevages des renards et visons, et un désintérêt de plus en plus marqué des créateurs, par choix personnel ou suite à la demande de plus d’éthique de la part de leur clientèle. Solberg présentera donc son projet de loi au vote cette semaine à l’Assemblée norvégienne.
Un deal politique du parti anti-fourrure
Outre l’influence qu’a eu le monde de la mode dans cette décision, la Première Ministre conservatrice a eu aussi un intérêt politique à bannir les fermes à fourrure. En effet, pour agrandir sa majorité au parlement, elle a conclu un marché avec le parti libéral anti-fourrure, dont la clause principale était cet éradication des fermes. Entre la pression des lobbies politiques, des consommateurs, des ONG et désormais même des grands groupes de mode – à l’image de Kering – l’utilisation de la fourrure dans la mode devient de plus en plus marginale. En devenant le 14ème pays européen à bannir les fermes d’élevage de peaux, la Norvège incitera peut-être d’autres pays comme la Belgique, le Luxembourg, l’Irlande ou la Suisse à faire de même.
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