La Fondation Cartier expose de jeunes artistes issus du continent européen. Une sélection éclectique qui révèle un ensemble de subjectivités disparates formées à la mobilité et à la culture du projet.
Les expositions de scènes géographiques sont aussi populaires que problématiques. De quelle manière éviter le syndrome de l’Eurovision, où chacun finit par représenter un pays ou une identité plutôt que de se distinguer pour ses qualités intrinsèques ? La scène française, la scène européenne : à Paris, deux expositions s’emparent du sujet.
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La première se tiendra au Palais de Tokyo à l’automne, emboîtant le pas à d’emblématiques antécédents comme Notre histoire (au Palais de Tokyo en 2006) ou Dynasty (au Palais de Tokyo et au musée d’Art moderne en 2010). La seconde a déjà ouvert ses portes à la Fondation Cartier. Sous le titre Jeunes artistes en Europe. Les Métamorphoses, Thomas Delamarre a réuni 21 artistes nés entre 1980 et 1994 provenant de 16 pays.
Cœur politique européen
L’Europe en question est à prendre au sens large. Ici, il n’est pas question des frontières politiques mais du continent européen, englobant alors la Russie (Evgeny Antufiev) et la Géorgie (Nika Kutateladze). Une fois établi ceci, on constate tout de même une focalisation sur le cœur politique de l’Europe, et l’absence totale des Etats candidats (de la région des Balkans à la Turquie).
Le panorama, on le comprend, reflète davantage les circuits qu’empruntent ces jeunes artistes effectivement très mobiles : leur trajet suit celui des études dans une école d’art à l’étranger, puis serpente selon les galeries, foires, résidences et expositions.
Foyer d’émergence artistique
De fait, la zone géographique représentée se superpose avec le circuit des foires et des biennales, qui représentent aujourd’hui les foyers d’émergence des jeunes artistes. Le format de la Fondation Cartier se situerait d’ailleurs quelque part entre les deux. L’accrochage dense rappelle celui d’une foire ou d’un salon de la jeune création.
Quant au parti pris géographique organisé par des îlots thématiques (le rapport à l’architecture ; le retour de la spiritualité ; le rapport post-anthropocentrique au monde), il résonne avec l’organisation des biennales. La grande différence, cependant, tient au contexte.
Cadre institutionnel
Ces créateurs, Jeunes artistes en Europe. Les Métamorphoses les expose dans le cadre d’une institution, et non d’un événement. Or, aujourd’hui, ils sont doublement mobiles, puisqu’ils dépendent de plus en plus de la restructuration du monde de l’art selon une logique du projet.
La foire, la biennale rythment l’année artistique, mais rendent les artistes nomades et précaires. Vite repérés, ils courent le risque d’être vite oubliés si l’institution ne prend pas le relais pour les inscrire dans une temporalité plus longue.
Le plaisir en salle
A la Fondation Cartier, un grand nombre de formes ou de noms seront certainement familiers à quiconque s’intéresse à la jeune création, celle qui circule sur Instagram et dans les magazines. Mais à force de baigner dans cette effervescence, on en oublierait presque le plaisir, et le luxe, de voir les œuvres en vrai.
Parmi elles, on ne ratera pas Kris Lemsalu, Jonathan Vinel, Evgeny Antufiev, George Rouy, Tenant of Culture ou encore Raphaela Vogel.
Jeunes artistes en Europe. Les Métamorphoses, du 4 avril au 16 juin à la Fondation Cartier à Paris
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