Adieu tangas et bouts de ficelles, bonjour culottes de grand-mère. Laisse-moi voir ton string, je sais que tu veux montrer ton string-string-string”, chante le rappeur Sisqó dans Thong Song. On est en 1999 et le string atteint son paroxysme. Ce petit bout de ficelle est à l’image d’une société ultraperformante et ultraérotique : vêtue, c’est par son invisibilité […]
Adieu tangas et bouts de ficelles, bonjour culottes de grand-mère.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Laisse-moi voir ton string, je sais que tu veux montrer ton string-string-string », chante le rappeur Sisqó dans Thong Song. On est en 1999 et le string atteint son paroxysme. Ce petit bout de ficelle est à l’image d’une société ultraperformante et ultraérotique : vêtue, c’est par son invisibilité totale qu’on en remarque l’existence ; nue, il promet une sexualité débridée et chipée à l’univers du strip-tease.
Selon les derniers salons de la lingerie, il est en chute libre, pour son manque de confort et de chic. Et sûrement parce qu’il ne trouve plus sa place dans le vestiaire de nombreuses femmes modernes. Dans une société post-bling, où les rêves de grosses voitures et de sacs à main Louis Vuitton ont été troqués contre des Air Max et un abonnement Vélib’, le corps n’est plus un espace d’ostentation et de démonstration mais un lieu de vie et de mouvement.
Le string, outil normatif qui requiert un entretien à la loupe, épilation intégrale et abdo-fessiers, ne correspond plus à une nouvelle vie à toute allure, où on multitaske, freelance et répond à ses mails au lit. Il est donc peu étonnant que les marques de lingerie proposent des alternatives plus confortables, plus fonctionnelles : chez Calvin Klein, La Perla et même le très sexy Agent Provocateur, on remarque le grand retour des culottes larges, taille haute, dites « de grandmère ». Fini le ruban de dentelle qui dépasse du jean et invite son voisin de table dans le creux de ses reins, on préfère aujourd’hui le câlin quotidien du slip 100 % coton.
Car à l’inverse du string, qui segmente par essence, la culotte couvre, englobe, se fait l’alliée de notre quotidien et promeut une sexualité contemporaine et égalitaire. Elle revendique un échange entre les genres fondé sur des codes claniques plutôt qu’érotiques, une interaction qui cherche à localiser sa tribu plutôt que son prochain partenaire sexuel. Et puis, la culotte privilégie un rapport apaisé à ses (sous-) vêtements, et nous rappelle de penser à son bien-être intime avant de calculer l’impact visuel et « instagrammable » de sa tenue. On existe avant d’être vu, on s’habille pour soi et pas seulement pour l’autre. Et le sexe dans tout ca ? Il existe, sous la culotte.
{"type":"Banniere-Basse"}