Le très hardcore Dark Souls II, le tout mignon Yoshi, les combats aérien de Luftrausers, la sensation 2048 et l’appel au peuple gamer d’une légende britannique : l’actualité vidéoludique de la semaine par Erwan Higuinen.
Jeu de la semaine : Dark Souls II
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Les joueurs seraient-ils masochistes ? C’est l’hypothèse osée dans le New York Times par le journaliste Stephen Totilo au vu de jeux cruels mais appréciés comme Flappy Bird, Donkey Kong Country : Tropical Freeze ou le tout frais Dark Souls II (From Software / Namco Bandai, PS3 et Xbox 360, 60 €). Jeu de rôle dark fantasy, ce dernier semble n’avoir qu’une chose à nous dire et redire et re-redire : « Vous êtes mort ». Parce que l’on tarde à saisir comment vaincre un ennemi ou que, dans l’obscurité, on est cruchement tombé dans un précipice en loupant le pont. C’est un mantra qui nous conduit dans un monde où rien n’est définitif, où la mort ne veut pas dire stop mais encore. Notre personnage est d’ailleurs un undead, soit un zombie mais aussi, littéralement, un « non-mort » – envahissent notre monde via Internet, c’est à une étonnante danse macabre que nous convie Dark Souls II, envoûtante même si l’on trouve harassant l’appel incessant au perfectionnement qui accompagne nos échecs répétés. Vous avez dit Un jour sans fin ?
http://www.youtube.com/watch?annotation_id=annotation_2871069689&feature=iv&src_vid=4IzXvLXbfzg&v=-SEQKewLsq4
Indé : Luftrausers
C’est le studio indé européen qui monte. Depuis Super Crate Box (2010), les Néerlandais de Vlambeer réalisent un sans-faute. Entre le fabuleux Ridiculous Fishing (jeu iOS de 2013 selon Apple) et Nuclear Throne (disponible en version bêta), leur nouveau né s’appelle Luftrausers (Devolver, PS3, Vita, Mac et PC, 8,99 €) et c’est une merveille de jeu d’arcade néo-rétro : concept d’une simplicité absolue (du combat aérien), lisibilité qui ne l’est pas moins (on pense à de glorieux classiques comme Time Pilot) mais, aussi, expérience hautement évolutive avec défis variés et possibilités multiples de modifier notre petit aéroplane – comme ça, juste pour voir, parce que voir c’est bien. Cette miniature ludique faussement dépouillée pourrait nous accompagner un bon moment.
Kawaii : Yoshi’s New Island
En musique, ce serait un disque banal de Bowie, un concert balourd de Morrissey (disons au Zénith de Paris, disons le 12 novembre 2009). A aimer quand même parce qu’on leur a juré fidélité ? La question se présente aussi au gamer ayant adoré un jeu, un univers, un rapport à l’espace, un tempo. Que penser de sa suite plus ou moins fidèle, plus ou moins barbante, plus ou moins sous-traitée ? Descendant d’un chef-d’œuvre de 1995, Yoshi’s New Island (Arzest / Nintendo, 3DS, 40 €) est le Morrissey de 2009 : peu inspiré, un rien empâté, mais avec de beaux restes. On lui succombe par phases, presque par erreur, pour la poussière d’étoile qu’on croit deviner encore alors que l’astre s’en est allé. Ouais, ça pourrait être pire.
A suivre : Chaos Reborn
Son nom ne dit pas grand-chose aux kids d’aujourd’hui mais Julian Gollop, en activité depuis le début des années 1980, est un maître du jeu de stratégie. Et, accessoirement, le père de la saga X-COM fraîchement rebootée sans lui – ça, le jeune, ça te parle, non ? Après un passage par Ubisoft (où il a signé le très honorable Tom Clancy’s Ghost Recon : Shadow Wars), le Britannique désormais installé à Sofia a repris son indépendance et en appelle aux internautes chez Kickstarter pour financer son nouveau projet. Baptisé Chaos Reborn, ce jeu de stratégie au tour par tour est une réinvention online d’un de ses premiers succès, Chaos tout court, que les heureux possesseurs de ZX Spectrum ont découvert en 1985. Gollop espère recueillir 180 000 $ d’ici le 17 avril. C’est plutôt bien parti.
Gratuit : 2048
On se méfiait de 2048, le successeur de Flappy Bird au rayon des phénomènes supposément casual obsédants. Il faut dire que ce jeu disponible en ligne dans lequel le but est faire bouger et s’additionner des chiffres sur une grille jusqu’à obtenir une case portant le nombre 2048 (pas hyper fastoche, entre nous) ressemble de manière suspecte à 1024! qui, lui-même, est très proche de Threes! Qui a copié qui ? Pas de mystère : l’imitateur, c’est Gabriele Cirulli, l’Italien de 20 ans auteur de 2048 qui reconnaît l’influence des deux autres et assure que son jeu restera dépourvu de tout but lucratif et qu’il n’en développera pas de version mobile. Mais d’autres s’en sont chargés et un clone du clone trône en tête du classement des applis iOS les plus téléchargées – notons qu’avec ses publicités intégrées, ce 2048 bis paraît nettement moins désintéressé. La multiplication des imitations prouve en tout cas une chose : comme celui de Tetris en son temps, le principe de Threes! / 1024! / 2048 a de l’avenir.
En bref
L’excellent Papers, Please a été le grand triomphateur de l’Independent Games Festival 2014 avec trois prix, dont le Grand. Mention aussi à notre chouchou troublant Luxuria Superbia, lauréat du Nuovo Award.
Le jeu vidéo est attendu au Centre Pompidou (Paris) pour un mois (12 avril-12 mai). Au programme du 1er festival Press Start : ateliers, tables rondes et rencontres avec des développeurs.
La collection de monographies sur les grandes séries des éditions Pix’n Love s’enrichit d’un ouvrage érudit sur Castlevania : Le Manuscrit perdu (256 p., 22 €) signé Gianni Molinaro qui traite aussi bien de l’univers et du bestiaire de la série horrifique que de ses mutations ludiques.
{"type":"Banniere-Basse"}