Une sensation indé en stop motion, Titanfall ou le futur (supposé) du FPS, Call of Duty décrypté, Rymdkapsel porté sur Mac et PC et un trip en train gratuit : l’actualité vidéoludique de la semaine par Erwan Higuinen.
Jeu de la semaine : Dominique Pamplemousse
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C’est l’outsider de l’Independent Games Festival (San Francisco, 17-21 mars), le rival inattendu de The Stanley Parable ou Papers, Please. Mais Dominique Pamplemousse (Deirdra Kiai Productions, PC, Mac et iPad, 3,59 à 3,99 €) est surtout le jeu le plus étonnant du moment, moins pour la manière dont il se pratique – rien de neuf sous le soleil de l’aventure point & click – que pour, au fond, tout le reste. C’est une enquête en noir et blanc, une comédie musicale, un « film » d’animation en stop motion. Ah, et puis Dominique Pamplemousse se révèle travaillé par la question du genre – son héros (et son auteur) ne tiennent pas à se définir. Et il se moque de l’auto-tune – toujours bon à prendre. C’est un merveilleux petit théâtre interactif qui s’offre à nous, subtil et beau et riche en secrets et discrètement torturé et rigolo. Rien d’original dans la façon d’y jouer, disait-on. Gnagnagna.
Blockbuster : Titanfall
Signe des temps : le (supposé) FPS du futur ne propose plus de mode solo. Titanfall (Respawn Entertainment / EA, Xbox One, Xbox 360 et PC, 50 à 70 €) prend acte du fait que ce dernier ne sert souvent que de bande-annonce ou de terrain d’entraînement avant les choses sérieuses : le combat online. Entre le jeu-sport et le jeu-film, le choix est clair. La radicalité de Titanfall est là, en phase avec son approche justement très sportive (courses sur les murs, bonds d’acrobate, etc.). Mais il y a un twist : le jeu nous fait éprouver en alternance la fragilité (relative) de ses guerriers humains et la puissance des mechas qu’ils pilotent. Ce sont deux tempos, deux rapports à l’environnement, deux façons de bouger qui se succèdent dans un rythme syncopé. Le pari de Titanfall : resserrer (le champ d’expression du genre) et approfondir (l’expérience). On peut le regretter – c’est un peu notre cas. Mais dans l’ivresse cinétique, il fait fort.
Lecture : Call of Duty – Les coulisses d’une usine à succès de Sébastien Delahaye
Avant Titanfall, il y eut Call of Duty, le blockbuster ludique par excellence. C’est son histoire, celle d’une « franchise au fonctionnement industriel », que raconte, dans un ebook décapant de précision, le journaliste Sébastien Delahaye (aka Netsabes). « A l’heure actuelle, note-t-il, dix des quatorze studios d’Activision travaillent en parallèle » sur Call of Duty, entre division du travail et production simultanée de plusieurs épisodes pour garantir la sacro-sainte sortie annuelle. Les manœuvres en coulisses sont sidérantes : rivalité entre Activision et Electronic Arts (où ont atterri les développeurs de COD : Moderne Warfare avec leur nouveau bébé Titanfall), fermetures de studio, annulations de projets, attributions autoritaires de tâches… C’est une histoire cynique, assez décourageante – et une lecture salutaire.
Indé : Rymdkapsel
« Meditative Space Strategy. » La formule dit bien la nature hybride de Rymdkapsel (Grapefrukt, PC, Mac, iOS, Android, Vita, 3,59 à 7,99 €), jeu de stratégie qui est aussi un nouveau Tetris, un trip musical et un défilé de fourmis synthétiques devant nos yeux ébahis. Lassé de la (fausse ?) complexité du genre, son auteur, le Suédois Martin Jonasson, a opté pour un minimalisme entêtant, une stylisation pixel art – et une accessibilité réjouissante. Est-ce un sommet d’abstraction (formes géométriques, légendes pour les identifier) ou au contraire le jeu le plus concret du monde (les surfaces, les volumes nous parlent) ? Le mot clé est réconciliation – des publics, des genres, des écoles, des contraires. Le tout frais Out There a retenu la leçon.
Gratuit : Train Song
Attention ovni. Ou plutôt orni – objet roulant – car c’est à bord d’un train que nous entraîne la nouvelle création de Paul Andrew McGee (alias Dreamfeel) et Dave McCabe. Un train très spécial, où l’on croise des créatures en pâte à modeler (et en forme d’oreille, de main…) aux propos bien étranges. « J’ai perdu ma femme, mes enfants et ensuite ma peau. Je n’ai revu aucun d’eux depuis des années », nous assène un passager. L’expérience Train Song (PC et Mac, gratuit) est un mélange de déambulation et de conversations à choix multiples. Au bout de 7 minutes, ça se termine. Et on se sent bizarre, on n’a pas tout compris. Alors on reprend le train musical. On n’en dira pas plus.
En bref
Méconnue chez nous, la série Ys (comme la ville bretonne de la légende, oui) est, au Japon, une institution du jeu de rôle (dans sa variante action-RPG) née en 1987, à la même époque que Zelda, Dragon Quest et Final Fantasy. Remake de son épisode IV, Ys : Memories of Celceta (Nihom Falcon / NIS America, PS Vita, 35 €) est une bonne introduction à son ton et son univers charmants.
Autre phénomène nippon, la vocaloid Hatsune Miku investit aussi la Vita avec le portage du chouette rythme game Project Diva F (Sega, 30 € en téléchargement) déjà disponible sur PS3.
Du côté du jeu indé, l’événement de la semaine est solidaire avec le « Humble Bundle of Love » qui réunit une quarantaine de jeux cédés par leurs auteurs et vendus pour aider l’un des leurs, Brandon Boyer, à soigner son cancer. La bonne action est aussi une excellente affaire car, dans ce pack, il y a du très bon : World of Goo, Thomas Was Alone, Proteus, Blocks That Matter…
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